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Fructueuses retrouvailles de Victor Julien-Laferrière et du Brussels Philharmonic

Plus d'un an après leur féconde collaboration dans le cadre du Concours Reine Elisabeth 2017, retrouve ce soir à Flagey le pour un concerto de Schumann plein d'esprit.

C'est une soirée au programme composite qui débute ce soir à Flagey avec Solar Storm, une œuvre brève, de quelques minutes tout au plus, composée par et inspirée par l'astrophysique. Du propos énergique qui évoque les éruptions de notre étoile, s'échappent de courtes phrases mélodiques, ponctuées d'effets sonores : scintillements métalliques ou terribles fracas percussifs. Aux dires du compositeur, l'œuvre a été parfaitement comprise par le qui semble avoir pris un vif plaisir à l'exécuter.

Plus d'un an après ses prestations (dont une demi-finale déjà avec ) et sa victoire au CMIREB, c'est qui entre en scène pour le Concerto pour violoncelle de Schuman. Une pièce passionnante, innovante que explore depuis ses 14 ans. Schumann avait nommé cette pièce « Concertstueck fuer Violoncell mit Begleitung des Orchesters », la distinguant ainsi du concerto proprement dit. Le soliste peut y faire jouer sa grande expressivité avec authenticité sans rien concéder au respect de la partition. L'esprit, l'éclat de la partition soulignés jadis par Clara Schumann sont pleinement restitués et traduits dans un romantisme sans surcharge. Pas de rubato trop appuyé dans l'exposition du thème de ce premier mouvement. L'œuvre est emplie de détails touchants restitués avec chaleur comme ces sections de cordes qui semblent parfois résonner comme des cœurs battants, ce motif répété de quinte descendante « le motif de Clara » qui rappellerait le prénom de « Clara » ou encore le dialogue entre Victor Julien-Laferrière et le premier violoncelle figurant celui du compositeur et de son épouse.

Le compositeur a structuré son œuvre de telle façon qu'aucune pause et par là-même aucun applaudissement ne fractionne les mouvements. Si ceux-ci s'enchaînent, s'ils restent liés par des rappels de motifs rythmiques ou mélodiques, leurs couleurs, leur tonalité et leur rythmes sont contrastés. Les intentions sont ici tellement claires que tout paraît facile. Quelle qualité mélodique dans ce long premier mouvement par moment aérien, puis dans ce second mouvement lent, profondément lyrique ! Quel panache dans ce dernier mouvement où les échanges se font prestes et intenses. Même dans l'engagement des forte, sans tension, le poids de l'archet semble dosé au millimètre près pour préserver la beauté du son.

En 2017, on avait remarqué l'excellente relation nouée avec le chef. On retrouve chez le pianiste cette attitude particulière d'écoute vigilante et, réciproquement, la sollicitude presque paternelle de envers le jeune soliste. Cette synergie est ici bienvenue : les intrications des instrumentaux, des tutti et des passages solistes sont nombreuses, Schumann n'ayant pas voulu d'une œuvre strictement virtuose. On voit le maestro porter un doigt à ses lèvres pour recommander un « piano ». Il faut dire que l'instrumentation voulue par le compositeur prévoyait un effectif orchestral bien plus réduit que celui de ce soir.

Avec Also sprach Zarathustra, l'émotion cède peut-être légèrement le pas dans le grand déploiement sonore mais l'interprétation de ce soir n'en est pas moins une vraie expérience musicale, augmentée par l'intervention de l'orgue néoclassique Delmotte du Studio 4 récemment restauré.

Crédits photographiques : Victor Julien-Laferrière © Victorjulienlaferriere.com ; © Nobuo Mikaua

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