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À Genève, le concert du centenaire de l’Orchestre de la Suisse Romande

Salle comble, fleurs partout, ce 30 novembre on fête jour pour jour, le centième anniversaire du premier concert de l'Orchestre de la Suisse Romande fondé en 1918 par le mythique chef d'orchestre romand Ernest Ansermet.

Une fête qui débute par une désillusion. La soprano Sonya Yoncheva souffrante n'est pas au rendez-vous. , la fille du ténor Gegam Grigorian décédé en mars 2016, remplace la diva. La déception du public sera de courte durée. Lorsque la soprano lituanienne lance ses premières notes de l'air de Lisa, tiré de La Dame de Pique de Tchaïkovski, on frémit à la solidité de la voix de la belle et jeune soprano. Un chant qui rassure un public genevois traditionnellement réservé au début des concerts. On savoure alors cette voix qui, malgré une légère retenue initiale, jouit d'un équilibre peu commun. Dans l'air de Iolanta, tiré de l'opéra éponyme de Tchaïkovski, la soprano semble plus à l'aise, comme libérée de la tension des premiers instants. En quelques accents, elle pénètre le personnage de la jeune aveugle apprenant sa cécité, elle qui croyait que les yeux n'étaient faits que pour pleurer. Avec les très belles couleurs qu'elle imprime à cette courte mélodie, le chant d' brille d'une extrême humanité.

Jusque-là, l' n'enthousiasme pas, autant dans la morosité de la Polonaise que dans l'incompréhensible lourdeur de la Valse d'Eugène Onéguine, et la terriblement brouillonne ballade de Voyevoda. Mais il s'avère soudain miraculeux lors de l'accompagnement de l'air de Tatiana dans la Scène de la lettre de ce même Onéguine. Il se produit le déclic qu'on attendait avec un plus inspiré portant son orchestre vers un climat à la fois lyrique et tragique. La soprano lituanienne peut enfin donc s'enlacer au sein de la musique pour s'engager dans cet air de manière absolument magnifique. Elle respire l'intelligence interprétative. Les pianissimi éthérés succèdent aux éclats mais, gardant une ligne de chant impeccable, ne se préoccupe bientôt plus que de l'importance du texte. Elle est l'amoureuse écrivant sa flamme, consciente de son audace, du risque de l'échec. Enfin, jetant son dévolu, elle s'embrase, s'incendie jusqu'à la folie.

En deuxième partie, la prestation chaotique de Une nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski semble être au-dessus des moyens techniques actuels de l'. Sur son estrade, s'agite comme s'il voulait s'adresser à chaque musicien de l'orchestre alors qu'on attend qu'il donne des indications sur les climats de l'œuvre. Ainsi donc, comme ensuite dans L'Oiseau de feu d', et en dépit de quelques superbes pianissimi, on a l'impression que, dans ces interprétations, tout est là sauf l'essentiel.

Crédits photographiques : © Thomas Mueller

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