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À Agen, les mousquetaires troublent joyeusement le couvent

Avec sa troupe des rompue à ce genre d'ouvrage, le metteur en scène monte de pétulants et cocasses Mousquetaires au couvent avec de savoureux dialogues en alexandrins.

Au  XIXe siècle, à la suite du Comte Ory de Rossini, les genres dramatiques se sont volontiers invités dans les couvents, autant pour mettre à l'épreuve que tourner en dérision les vertus de leurs pensionnaires. Les compositeurs de théâtre ont pour leur part trouvé dans les genres sacrés autant de prétextes au raffinement musical qu'à la parodie débridée. Alors que l'opérette parisienne triomphait en Europe, s'imposa comme le successeur d'Offenbach avec cette intrigue historique où politique, armée et religion s'entremêlent. Dans sa province de Touraine, que peut la volonté du Cardinal de Richelieu lorsqu'un abbé rabelaisien vole au secours de fringants mousquetaires et de tendres novices ?

En plein conflit entre la jeune république et les congrégations, la Belle Époque fit un triomphe à ces Mousquetaires de belle facture. L'ouvrage populaire fut repris tout au long du XXe siècle et il rencontre encore le succès, notamment dans une mémorable reprise par Jérôme Deschamps et Laurent Campellone à l'Opéra Comique en 2015. Et c'est le cas de cette savoureuse production agenaise des .

L'argument, des plus légers, s'inscrit pleinement dans le style musical de l'époque et l'air du temps où certains compositeurs français entendaient lutter contre le wagnérisme ambiant par des airs brefs aux mélodies marquées et par la vivacité orchestrale. Surfant sur l'image populaire des mousquetaires, Emmanuel et se sont amusés à réécrire les dialogues en alexandrins, en clin d'œil au Cyrano d'Edmond Rostand et à la saga d'Alexandre Dumas, avec un côté bon vivant qui ne manque pas de rappeler le sulfureux Comte Ory de Rossini. Dynamique, joyeuse et enlevée, avec d'astucieuses allusions contemporaines dans les dialogues, la mise en scène convient parfaitement à cette pochade et l'on s'amuse autant sur scène que dans la salle.

Musicalement, soutenu par le piano d', qui sonne comme un orchestre, le chant comme le jeu d'acteurs sont à la fête. On apprécie vivement la truculence de en abbé Bridaine, ainsi que le côté bravache de en Brissac et la passion retenue d' en Gontran. Du côté féminin, la Simone de brûle les planches, tandis que la Louise de nous réjouit par sa délicieuse irrévérence et que la Marie d'Aurélie Fargue est des plus touchantes avec sa belle complainte en forme de confession. Dans des rôles non chantés, mais fort bien joués, la Sœur Opportune d' et la mère supérieure de ajoutent au côté dérisoire, tandis que le gouverneur d' assume une certaine préciosité ridicule.

Sans grande surprise,  mais parfaitement écrite, la musique de montre une belle efficacité théâtrale avec des airs enlevés et de savoureux ensembles. Et l'on goûte avec gourmandise le clin d'œil à La Périchole d'Offenbach dans l'air de la griserie de Brissac.

Crédits photographiques : © Paul Fave

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