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Sir Simon Rattle et le LSO à la Philharmonie de Paris

Dans ce programme un peu iconoclaste, centré sur le thème du folklore, Sir convoque Brahms, Debussy et Enesco, pour un concert haut en couleur qui vaut surtout par l'exceptionnelle qualité de la phalange londonienne.

Le célèbre Concerto pour violon de Brahms ouvre la soirée sur des accents tziganes. Plus que l'interprétation finalement assez fade de , c'est surtout la magnificence  du et la direction d'orchestre très complice de qui impressionnent par la souplesse du phrasé, l'ampleur quasi symphonique du discours, la subtilité des nuances, la dynamique feutrée des crescendos, ou encore, les performances solistes individuelles et notamment celle de Juliana Koch récemment nommée au poste de hautbois solo, sans oublier un excellent pupitre de cor, des contrebasses très présentes et un quatuor au-dessus de tout soupçon. Si le chef britannique se montre un accompagnateur hors pair, , hélas, déçoit par son jeu virtuose et mécanique, ne dégageant aucune émotion, sauf peut-être dans le lied sans parole de l'Adagio central, soutenu là encore, par la belle cantilène du hautbois. Deux « bis » originaux, le premier emprunté à la Sonate n° 2 pour violon seul d'Eugène Ysaye, et le second à la Sonate pour violon seul de Nikos Skakottas concluent cette première partie.

On connait les affinités de pour Debussy, c'est dire que les Images pour orchestre du compositeur français étaient très attendues…Malheureusement, une fois encore, le chef retrouve ses anciens démons, délaissant la proie pour l'ombre dans une lecture trop analytique qui semble se perdre dans les détails de l'orchestration debussyste au détriment de la ligne directrice et de la dynamique d'ensemble. A défaut de continuité du discours, force est de reconnaître que la richesse des timbres et des couleurs est parfaitement mise en avant par les différents pupitres, exaltés par la clarté de la texture orchestrale et la netteté de la mise en place. Les Gigues bénéficient d'un crescendo bien maîtrisé sur des rythmes de gigues écossaises faisant contraste avec la complainte mélancolique du hautbois d'amour, alors que les Rondes de printemps, qui reprennent le thème d'une mélodie française, perdent toute consistance dans de curieuses suspensions rythmiques. Iberia, en revanche, séduit immédiatement  par  son allant, ses couleurs hispanisantes et par son pouvoir d'évocation entretenu par des rythmes rigoureux de Sévillane ou d'Habanéra, scandés par castagnettes, cuivres et tambour de basque.

Si les Images pour orchestre laissent une impression mitigée, aucune réserve n'est à émettre concernant l'interprétation jubilatoire de la Rhapsodie n° 1 de qui soulève la grande salle Pierre Boulez sur des rythmes dansants tziganes dans un véritable feu d'artifice orchestral, initié par la superbe clarinette d'.

Crédit photographique : Simon Rattle © Oliver Helbig

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