- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Macbeth historiquement informé avec Europa Galante et Fabio Biondi

La lecture stylée de Biondi et la haute tenue de chanteurs masculins dans la version de Florence contrastent avec le chant bâclé de la soprano . Dommage !

Quelle que soit sa principale faiblesse, on aurait tort de bouder cette nouvelle version de Macbeth. Son principal intérêt réside dans le fait qu'elle nous propose la version originale de Verdi, telle que le compositeur l'avait proposée pour le théâtre de la Pergola de Florence en 1847. Certes, l'air de la Lady « Trionfai », que Fiorenza Cossoto avait jadis enregistré en annexe de la version Muti, ne va pas au genou de « La luce langue » qui l'a depuis remplacé. De même, la cabalette de Macbeth à la fin de l'acte III, « Vada in fiamme », à laquelle Verdi avait substitué le duo « Ora di morte » dans la version parisienne de 1865, n'est pas non plus du plus grand intérêt dramatique, même si elle s'inscrit résolument dans la tradition belcantiste alors en vogue.

Il est tout à fait passionnant en revanche de découvrir l'ouvrage « dans son jus », en quelque sorte, et l'unité stylistique qui se dégage de la version originale nous permet davantage d'apprécier la modernité de Verdi à l'époque où son premier Macbeth vit le jour.

L'autre intérêt de cet album nous est fourni par la direction ferme, précise et vivante de , à la tête de son orchestre . Nous sommes évidemment aux antipodes des grandes fresques postromantiques auxquelles nous ont habitués depuis les chefs titulaires des grandes maisons d'opéra, mais les détails de l'instrumentation ressortent avec clarté et pertinence, et l'élan théâtral ne fait en rien défaut à cette lecture essentiellement analytique. Chez les solistes, on apprécie avant tout le chant sobre et stylé du baryton , davantage habitué de nos scènes que de nos micros. Sa prestation de haute classe manque peut-être cependant de la dimension hallucinatoire qui fait les grands Macbeth. Très belles interventions également du ténor et de la basse dans les rôles épisodiques de Macduff et Banquo, même si eux aussi ont peut-être du mal à tenir la comparaison avec tous les grands chanteurs des dernières décennies qui se sont illustrés dans ces rôles. Le problème de cet enregistrement, cependant, consiste en l'usure vocale de la soprano , incapable désormais de tenir la moindre ligne. Ses problèmes de justesse, son vibrato intempestif, son incapacité à vocaliser sont autant de défauts qui disqualifient une lecture qui, par ailleurs, ne manque pas de tempérament. Si la scène ou le concert masqueraient peut-être de tels écarts, un chant aussi débraillé ne peut en aucun cas être toléré sur un CD. Il est décidément regrettable que le bel ensemble proposé par Biondi et ses troupes soit gâché par une faiblesse à ce point rédhibitoire.

(Visited 836 times, 1 visits today)