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Benjamin Millepied danse avec LA

Le Los Angeles Dance Project de revient à Paris avec trois créations, dont une première mondiale. La musique contemporaine et Bach s'y côtoient avec intelligence.

La soirée s'ouvre avec Homeward, pour la première française d'un ballet créé en octobre 2018 au Gala du LA Dance Project. Opus en noir et blanc, ce sextuor aux tempi ultra-rapides sur la musique de Bryce Dessner pour quatuor à cordes. Alors que défilent en synchronisation des rythmes musicaux des images de fond d'écran inspirée de Dubuffet ou Twombly, les cordes vibrent. Six danseurs, trois hommes et trois femmes, s'immiscent dans ce flux tendu de musique. Ils enchaînent des mouvements rapides et ramassés, leurs corps presque pliés dans les enchaînements aux ports de bras compacts. Surprenant.

Pour Orpheus Highway, revisite le mythe d'Orphée et Eurydice dans un ballet musical dans la lignée du Robbins de West Side Story. a aussi réalisé le film qui est projeté en arrière scène, doublant et amplifiant l'action qui se déroule sur le plateau, multipliant les points de vue. Le chorégraphe a transposé le mythe dans un quasi désert californien, où Eurydice meurt renversée par une voiture. Le chœur est incarné par un groupe de danseurs, qui entoure et accompagne le couple maudit.


Le magnétisme du couple de solistes, formé par et David Adrian Freeland Jr. ajoute à la puissance du ballet, qui va à l'essentiel, évoquant tour à tour l'amour, la perte, le désespoir, puis l'espoir. La chorégraphie s'appuie sur une danse d'inspiration urbaine, qui s'élève et se tend, avec des mouvements fluides et dynamiques. L'analogie avec les scènes de rue de West Side Story est frappante et l'on retrouve cette même énergie dans les danseurs, tant sur le plateau que filmé sur l'écran. Poignant, moderne et intense, c'est un ballet qui est amené à devenir un classique.

Bach inspire décidément les chorégraphes, et Benjamin Millepied doublement puisqu'il nous propose le deuxième volet de Bach Suites. Ce qui commence comme une expérimentation sur la Chaconne de la Partita pour violon n° 2 en ré mineur de Bach, exploration d'un vocabulaire gestuel pointu et inédit pour le chorégraphe, solaire, se poursuit avec le violon amplifié du soliste , sur des musiques de . Cette partie, plus mélancolique et plus sombre précède un flamboyant final sur la Passacaille en ut mineur pour orgue de Bach. Aucun chorégraphe depuis Le Jeune homme et la mort de n'avait osé utiliser l'intensité dramatique de cette partition pour un nouveau ballet. Benjamin Millepied en fait un moment d'embrasement, précipitant sa pièce dans une dimension plus mystique, presque religieuse. Un contraste fort avec l'atmosphère qui prévalait au début de la pièce. Un fascinant mélange.

Crédit photographique : © Erin Baiano et Sergi Alexander

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