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Jann Gallois, jeune chorégraphe française d’aujourd’hui

Tout droit issue de l'univers du hip-hop, est aujourd'hui, à 30 ans, une jeune chorégraphe qui monte. Artiste associée au Théâtre de Chaillot, elle a signé à l'automne 2017 sa première pièce de groupe, Quintette, après avoir tourné un solo, Diagnostic, et un duo, Compact.

Née dans une famille de musiciens professionnels, découvre le hip-hop à l'adolescence en croisant des danseurs aux Halles. Un vrai choc émotionnel… Elle est particulièrement fascinée par le break, technique qui demande une maîtrise extrême et permet de rendre un corps électrique ou inhumain. « Au Conservatoire, j'avais une trajectoire toute tracée dans la musique. Pour ma famille, il n'était pas question de faire de la danse. Pourtant, j'ai tout arrêté pour commencer à danser. »

Plus qu'une passion, la danse devient bientôt une profession pour Jann. « Très vite, j'ai senti que ma vie était dans la danse, ce qui m'a conduit à arrêter progressivement mes études. » Étudiante en maths et en physique, elle auditionne pour des chorégraphes contemporains et est engagée par Sébastien Lefrançois dans la compagnie Trafic de styles. C'est le début d'une carrière d'interprète qui durera cinq ans, passant par , Coraline Lamaison, et dans le hip-hop, Sébastien Ramirez. Repérée par , elle participe notamment à la création de Royaume Uni au Théâtre de Suresnes, une salle par laquelle sont passées toutes les signatures du hip-hop, à l'occasion du festival Suresnes Cité Danse.

« J'ai tout de suite su que ce qui me faisait vibrer, c'est de créer ! »

« Dès que j'ai commencé à être interprète, j'ai tout de suite vu que ce qui me faisait vibrer, c'était de créer. » En 2012, après avoir enchaîné de nombreuses expériences avec des chorégraphes, elle a envie de faire le point avec elle-même. « C'est à ce moment là que j'ai créé ma première pièce, un solo intitulé p = mg sur la problématique du poids, de la pesanteur. »

Elle filme ses longues improvisations, qui entrent en résonance avec son parcours, et la volonté de faire de la bienveillante pression familiale un marchepied pour aller plus loin. La pièce reçoit le prix Beaumarchais décerné par la SACD et entame une tournée de deux ans. « Tout est parti de là, le prix a fait boule de neige et m'a permis de recevoir de nombreuses autres récompenses, en France et à l'étranger. »

arrête sa carrière d'interprète pour créer une compagnie, qui produit désormais une pièce par an. Le solo Diagnostic F20.9 est créé à l'issue d'une résidence d'artiste d'un an dans un hôpital psychiatrique parisien, où elle rencontre des patients schizophrènes. « Des rencontres humaines très fortes avec des personnes extrêmement sensibles et intelligentes » dit la jeune chorégraphe, qui a créé cette pièce dans le but de les déstigmatiser. Puis vient Compact, un duo de 22 minutes avec Rafael Smadja axé sur une recherche technique, car la danse contact n'existe pas dans le hip-hop.

« Je mets la technique hip-hop au service d'un propos. »

Quelle est la technique de prédilection de Jann Gallois, le hip-hop ou le contemporain ? « Ma technique est 100 % issue du hip-hop, mais pas de la danse hip-hop telle qu'on la voit d'habitude, car je mets cette technique au service d'un propos. En recherchant l'état de corps permettant de rendre compte d'une émotion, je rends mon propos contemporain. » Elle applique cette méthode dans Compact en travaillant sur l'écoute et la communication entre deux corps complètement emmêlés l'un dans l'autre. Elle va à l'essentiel, visant à l'efficacité.

« Dans toutes mes pièces, il est important pour moi que le propos soit intelligible. Bien qu'il s'agisse de pièces abstraites, je défends le fait que ce que je fais soit accessible à tous. » Une volonté qui s'applique aussi à Quintette, sa première pièce de groupe, conçue dans la continuité de Compact. « C'était un challenge de passer de deux à cinq interprètes. Arriver à trouver l'harmonie dans un groupe, c'est une jouissance énorme, mais aussi une fragilité extrême. » D'autant plus que Jann Gallois est toujours interprète dans ses pièces : « J'ai encore besoin de transpirer sur un plateau ! » s'exclame-t-elle.

Désormais artiste associée au Théâtre de Chaillot (« une belle reconnaissance, une chance et un tremplin qui permet de se projeter plus loin », dit-elle), Jann Gallois en profite pour présenter son répertoire et mener des actions de sensibilisation vis-à-vis d'un public qui ne la connaît pas encore bien. En novembre 2019, elle proposera une nouvelle création, coproduction du Théâtre de Chaillot et de sa compagnie… Soit une nouvelle étape pour cette exaltante aventure.

Crédits photographiques : Portrait © Dan Aucante 

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