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Bychkov et son Philharmonique tchèque splendides dans Tchaïkovski

Dans la continuité de son projet d'intégrale des œuvres pour orchestre de Tchaïkovski, s'attèle en concert aux trop méconnus Concerto pour piano n° 2, interprété ce soir par , ainsi qu'à la Symphonie n° 2, parfaitement adaptés au splendide Philharmonique tchèque.

s'était entretenu avec nous au lancement de son projet Tchaïkovski pour Decca, et l'on attend prochainement la parution du Concerto pour piano n° 1 dans son édition critique, dont le seul enregistrement existant pour le moment n'est autre que celui de , justement présent à Prague dès mi-février pour le Concerto n° 3, et maintenant pour le Concerto n° 2 en sol majeur opus 44. Le pianiste s'attaque sans partition à un ouvrage encore plus complexe que le premier, pour lequel il se montre pourtant infaillible. L'habituel toucher russe s'y énonce particulièrement ductile dès l'Allegro brillante, magnifiquement lancé avec vigueur par Bychkov pour répondre à la partition, sans jamais non plus la réduire à une pièce trop festive.

L'Andante non troppo développe ensuite une superbe délicatesse de cordes avant d'exhiber la subtilité d'un pianiste connu plus appuyé sur le clavier et surtout sur la pédale, toujours utilisée ici de manière très mesurée. Dans ce mouvement où le compositeur demande au premier violon un solo digne des mesures de son propre concerto pour cet instrument, l'intervention du premier d'entre eux, Josef Špaček, démontre la splendeur toujours intègre des musiciens du Philharmonique de Prague – déjà identifiée auparavant avec les magnifiques interventions de flûte et amplifiée par les soli à venir du sublime premier violoncelle de Václav Petr. L'Allegro con fuoco défile trop rapidement vers la fin de l'ouvrage, avec toujours un pianiste d'une dextérité irréprochable, jamais pris en défaut malgré une coda, après quarante-cinq minutes émaillée de superbes cadences, pendant lesquelles le soliste est toujours sollicité. guide son orchestre avec une véritable liberté pour en faire ressortir les plus belles sonorités de chaque pupitre. Cela sans jamais s'inquiéter de légèrement alourdir certaines phrases ou attaques pour marquer les parties exaltées.

Après une très belle valse de Chopin en bis par Gerstein, la Symphonie n° 2 en ut mineur opus 17, jouée dans sa version définitive révisée en 1879-80, met en avant dès l'introduction l'impeccable premier cor. Le thème s'échappe rapidement vers le premier basson, lui aussi à même d'exposer à quel point la formation fait incontestablement toujours partie des plus beaux ensembles symphoniques au monde. Presque aussi important que dans la Pathétique, le basson réapparait à plusieurs reprises dans la Petite Russie, en alternance avec le cor, toujours parfaits. Ces deux bois laissent la primeur à la flûte et à la clarinette dans l'Andantino marziale, avant d'intervenir à nouveau pour exprimer une plus grande gravité, développée ensuite par des cordes denses et chaudes à la fois. Le Scherzo délaisse les impressions de lourdeur de la dernière partie du mouvement précédent pour regagner en dynamisme. La très belle tenue des cordes de la part du chef s'associe à une superbe mise en avant des cuivres, tous d'une justesse absolue toute la soirée. La petite harmonie, à nouveau mise à l'honneur, expose, en plus des flûtes et hautbois, un piccolo éblouissant, dont les interventions toujours gracieuses sont toutefois légèrement trop caractérisées au Moderato assai. Ce finale démontre une dernière fois la capacité du chef à concentrer ses cordes, tout en  équilibrant toujours l'ensemble, avec un timbalier parfaitement ajusté, remarquable de clarté et de précision à chacun de ses coups, au point d'être remercié aux saluts en recevant de Semyon Bychkov la moitié du bouquet qui lui à été offert.

Crédits photographiques : © Marco Borggreve

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