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Passionnant Poulenc par Nézet-Séguin et ses partenaires

Poulenc savait qu'il n'innovait pas vraiment dans son travail de compositeur. Pour autant, il avait parfaitement conscience de la singularité de son langage musical. En cela, il ne se trompait nullement.

Commande de l'Orchestre symphonique de Boston, le Concerto pour piano fut créé dans la ville américaine sous la direction de Charles Munch le 6 janvier 1950, la partie soliste revenant au compositeur lui-même. En dépit d'un accueil timoré, l'œuvre fut présentée dans plusieurs villes avant de connaître sa première en France lors du festival d'Aix-en-Provence en juillet de la même année. Là encore l'œuvre déclencha des commentaires réservés de la critique. Ces réticences provenaient d'une déception face au retour d'une esthétique plus désinvolte et badine, voire divertissante, comparée au style du Concerto pour orgue. De fait, le piano reste constamment en retrait et sourd à tout flamboiement. , précis et séducteur dans l'Allegro initial, se montre expressif dans le Largo central de ce mouvement. Le Presto final intitulé « Rondeau à la française », avec ses passages « impertinents » et « mauvais garçon » pour reprendre les mots de Poulenc, a choqué plus d'un auditeur et le soliste n'élude nullement l'attention portée au « cancan » assumé. Toutefois l'Andante con moto central impressionne par sa douce mélancolie.

A propos du Concerto pour orgue, cordes et timbales, le compositeur proféra avec son humour bien connu qu'il s'agissait d'un « Poulenc sur le point d'entrer dans les ordres. » A l'époque de la composition (1938), il s'était en effet tourné vers la religion. Les sept parties de l'œuvre illustrent de nombreux aspects du créateur s'attaquant aussi bien au burlesque revisité et au baroque assimilé qu'à un lyrisme expressif empreint de grandeur. James O'Donnell œuvre avec fidélité et efficience pour la défense d'un opus précieux et seigneurial moins apprécié en France qu'aux États-Unis par exemple.

Composé en deux mois après la mort de son ami, le peintre et décorateur de théâtre Christian Bérard pendant l'été 1950, le Stabat Mater reçut un accueil triomphal le 13 juin 1951 à Strasbourg. Ses douze sections avec leurs grandes variétés de climat, dénuées de sentimentalisme, n'en affichent pas moins certains moments religieux et d'autres riches d'une forte opulence sonore. Le tout, rehaussé par la prestation inspirée et irréprochable de la soprano , ne manque pas de laisser une vive impression. Le talentueux et investi et le en grande forme magnifient ces œuvres et consolident le lien qui les relie sans amortir le langage si original et inhabituel de .

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