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Le Siffleur et son quatuor à cordes

En 2019, le Centre Lyrique Clermont-Ferrand fête les vingt ans de sa saison lyrique. Le siffleur clôture cette semaine anniversaire avec la 500e représentation de son Siffleur et son quatuor à cordes.

Nous pensons assister à une proposition pour le jeune public, mais le spectacle concocté en 2014 par le comédien, musicien et metteur scène touche pourtant autant les adultes que les enfants. En queue-de-pie et nœud papillon, sur une petite estrade qui annonce sa fonction, l'homme est entouré d'un quatuor féminin afin de donner une image qui emprunte les codes d'une soirée de récital. L'effet en est au début presque identique, tant la poésie d'un sifflement parfaitement maîtrisé que ce soit en termes de justesse, de nuances et d'intentions, se déploie dès les premières notes de l'Andante du Concerto n° 21 de Mozart. On croyait rire avec cette interprétation loufoque, c'est tout l'inverse qui se produit. L'art du sifflement est étonnamment beau, tout emprunt de poésie et de finesse. L'Andante con moto du Trio en mi bémol majeur op. 100 de Schubert qui enchaîne, le confirme sans retenue.

Le rire, c'est la personnalité de l'interprète qui va le procurer, ainsi que son amusant exposé sur l'histoire du sifflement dans la musique, présenté comme un art à part entière, avec la première œuvre pour siffleur : l'air de Papageno de La Flûte enchantée ! C'est par le biais des grands tubes de la musique classique, que ce soit l'Habanera de Carmen, La Truite de Schubert (soit le Quintette en la majeur D.667 insiste l'interprète !), ou encore la Marche Turque de Mozart, que s'amuse de tous les codes d'une soirée de récital : où sont passés les nœuds papillon et les robes de soirée ? Qui s'autorise à applaudir entre les mouvements ? Se moquant gentiment des Opéras de province, le siffleur prend le temps de saluer autant l'aristocratie et la noblesse auvergnate assises aux deux premiers rangs, la classe moyenne et les retraités installés sur les autres rangs de l'orchestre, que « le reste » aux balcons ! La finesse du texte amène à rire sans se poser de question, la bienveillance semblant être le seul mot d'ordre, tout comme cette véritable volonté de l'artiste de se connecter concrètement avec les spectateurs du jour.

De cette manière, le récital dévie naturellement vers la musique pop (The Beatles), une balade en forêt accompagnée de multiples oiseaux (dont un pigeon !), une chorale improvisée de siffleurs, et un blind-test musical fédérateur avec l'ensemble du public qui emporté par le talent du comédien, n'hésite pas une seconde à élever la voix pour se faire entendre.

Avec ce spectacle, détient une pépite. Les plus de 500 représentations en attestent : le périple du musicien a inclus un festival d'Avignon complet en 2015, ainsi que plusieurs passages sur des grandes scènes parisiennes (Bobino, l'Européen, le Grand Point-Virgule). Burlesque un récital sifflé ? Brillant sans aucun doute !

Crédits photographiques : Image de une © Renaud Vezin ; Photo 2 © Magali Stora

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