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Marina Rebeka illumine l’Instant Lyrique à l’Éléphant Paname

En récital alors que Notre-Dame était en feu, la superbe expose toute sa flamme à l'Éléphant Paname, sans concession pour le volume sonore malgré la petite salle, sans concession par la qualité de sa prestation, de Gounod à Wagner, avec au milieu un hommage aux compositeurs lettons.

n'était pas encore clairement identifiée comme une grande sur la scène française, même lors de sa Violetta parisienne nuancée en 2018. Sa Bolena de début de saison à Bordeaux a apporté de la lumière à cette splendide artiste, les yeux aussi étincelants que l'aigu de la voix, le sourire aussi scintillant que les trilles de son chant.

Elle n'a pourtant pas choisi le programme le plus simple ni le plus accessible pour son premier récital en France. Plutôt que Verdi, qu'elle porte souvent à Vienne et qu'il faudra écouter l'an prochain, tant pour Leonora qu'Amelia, ou que Bellini et sa future Norma toulousaine, elle débute par Schubert. Mais elle interprète l'Autrichien comme s'il était latin, et le lied comme l'opéra, vivante en même temps qu'éclatante. Die Forelle perd en intimité ce qu'il gagne en couleur, pour une truite arc-en-ciel plutôt que marbrée. Puis la soprano propose Fauré, et glisse vers Le Papillon et la fleur, toujours avec la même lumière et le même éclat. Le français s'y montre compréhensible, plus que lors d'Après un rêve, où le texte plus subtil perd quelque peu en qualité.

Toujours clôt la partie dévolue à Fauré pour introduire Gounod, avec l'Air des bijoux si célèbre et si pétillant. La chanteuse joue et s'amuse avec une Marguerite dont elle connaît le rôle par cœur, jusqu'au Ah lancé au la, discrètement vers le pianiste, la première fois comme au da capo de l'aria. Le compositeur reviendra en dernier bis, cette fois par Juliette et l'air Je veux vivre dans ce rêve, où , peu agile à la main droite ce soir, surtout dans les parties d'opéra, se trouve alors accompagné d'.

Au milieu du concert, offre une place à sa nation avec trois compositeurs lettons. ouvre le trio par la meilleure pièce, Brīnos es (Je m'étonne), portée par plusieurs chanteurs sur les scènes du monde ces dernières années. Puis l'Ārija de permet le caprice d'un beau jeu de vocalises, sur une partition sans texte écrite et retranscrite tant pour le violon que pour la voix. Burve de clôt le cycle letton, avant que l'artiste encore belcantiste prouve qu'elle peut aussi s'attaquer à Wagner, avec un Dich teure Halle d'une Elisabeth à raviver le christianisme. La puissance autant que la clarté du timbre sublime cette partie, vers laquelle, on l'espère, la chanteuse se dirigera tout en continuant à porter Verdi et Donizetti à la scène.

Trois chants de Rachmaninov clôturent le programme du récital par une sensibilité impressionnante, tant pour Siren que pour Vesennie vody, et rappellent que Marina Rebeka sera aussi Tatjana l'an prochain à Vienne, dans cette langue russe qu'elle maîtrise si bien. Il manquait cependant une touche d'italianité à cette soirée, et l'entrée de Cassar au bis ravive le geste de Palloc pour un superbe accompagnement d'un Bolero des Vêpres Siciliennes à se damner. Cette artiste est à suivre de très près lors des prochaines années.

Crédit Photogrpahique © Janis Deinats

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