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Le piano chantre de Peter Donohoe

, connu pour avoir étudié auprès d'Yvonne Loriod et d', aborde pour son nouveau disque, des œuvres de Moussorgski, Ravel et dudit Messiaen. Une parution qui mérite largement notre attention.

L'interprétation des Tableaux d'une exposition de , solennelle au commencement, ravit par la simplicité du geste, ainsi qu'un jeu direct et d'une maîtrise du rythme et du mouvement irréprochable. D'une dramaturgie plutôt intense, développée au travers d'une palette de moyens expressifs relativement restreinte et – par instants – légèrement rhétorique, ces miniatures impressionnent également par la transparence des textures, la limpidité du ton, la rondeur d'une sonorité scintillante et qui paraît sculptée dans le marbre, mais aussi, et peut-être avant tout, par la gracilité et la puissance évocatrice. C'est ainsi qu'elles nous immergent vraiment dans un monde d'images, tantôt folâtres (Ballet des poussins dans leurs coques), tantôt sombres (Il vecchio castello), tantôt encore sérieuses (Samuel Goldenberg et Schmuyle) ou empreintes de gravité et de majesté (Bydło, quelle profondeur dans la basse !), voire épouvantables (La Cabane sur des pattes de poule). Dans cette optique, La Grande Porte de Kiev clôturant ce recueil, nous semble un véritable mélange de poésie et de virtuosité qui, sans aspirer à figurer au premier plan, déborde toutefois d'énergie et de vitalité.

Pour ce qui est des Miroirs de , nous avons affaire à une lecture ardemment inspirée et méditative, bien que, à première vue, un brin distancée et pourtant pas dénuée de sensualité. Écoutez ce dialogue entre la main droite et la main gauche, et contemplez ces bas-reliefs sonores qui, parfois un peu rigides, s'avèrent irrésistibles et captivants. Voici Une barque sur l'océan et Alborada del gracioso marqués par un jeu d'effets percussifs au timbre métallique, mais également d'une chaleur féerique, faisant penser, par leur singularité, à un univers enchanté de conte de fées.

En ce qui concerne l'exécution de Cantéyodjayâ d', page composée en 1948 et s'inspirant des rythmes de la musique traditionnelle hindoue, frappe par un tour de force pianistique, ponctué de quelques taches sonores pointues, et baigné dans une brume de demi-teintes et dans l'obscurité des paysages ombreux que son instrument chantre évoque dans le fourré d'accents. Cette prestation en est rendue quasi immatérielle, même onirique, et ce, paradoxalement, en dépit d'une diaphanéité des plans parfaite.

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