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Le Vaisseau Fantôme dans l’eau et les flammes à l’Opéra de Rennes

De retour à l'Opéra de Rennes où il a déjà été donné en version demi-scénique avec l'Orchestre de Bretagne sur scène, Der Fliegende Holländer de Wagner est cette fois interprété avec les musiciens en fosse et une scène remplie de vingt mille litres d'eau, sur laquelle évolue une très bonne distribution.

La jauge de l'Opéra de Rennes n'est que de six cent cinquante places, mais on y a récemment joué Lohengrin puis Die Walküre de Wagner, pour revenir cette saison à Der Fliegende Holländer (Le Vaisseau Fantôme). La dernière fois que l'ouvrage y avait été vu, prouvait déjà que l'Orchestre de Bretagne possède les ressources pour déployer cette partition, encore mieux dynamisée cette année par la direction du chef Rudolf Piehlmayer, déjà remarqué pour Norma la saison passée.

Son énergie dès l'Ouverture laisse promettre de superbes moments pendant les deux heures quinze de musique sans interruption, jusque chez les cuivres, dont les cors presque toujours justes s'accordent aux brillantes trompettes. Le fait de ne posséder que trois contrebasses limite forcément quelques maintiens de tension, notamment sous les airs du Holländer, mais les bassons ainsi que le hautbois et le cor anglais soutiennent parfaitement l'action avec les groupes de violons, ainsi que les grandes scènes de Senta.


La production des sœurs Blankenship, dont Rebecca était auparavant elle-même soprano, consiste en une scène remplie d'eau, sur laquelle la distribution évolue en botte, les pieds et chevilles noyés sous la surface. La création de cette production en 2017 à Hagen ne peut occulter l'idée qu'elles ont sans doute vu celle du Pelléas et Mélisande d'Alex Ollé pour la Semperoper de Dresden créée en 2015, avec déjà ce procédé très ambitieux, qui fonctionne à nouveau à merveille dans l'opéra marin de Wagner. Le décor se limite donc à des cordes à l'acte I, tirées du plafond comme pour amarrer un navire, puis à des cordes autour d'une poulie, tendue par les fileuses à l'acte II, avant un acte III où la présence du feu ajoute un l'effet symbolique à celui procuré par l'eau.

Le co-dirigé par et montre autant de ferveur que l'orchestre, puissant et volumineux dès l'apparition des matelots, pourtant seulement une quinzaine, puis flamboyant chez les femmes ensuite, jusqu'à un magnifique chœur mixte au dernier acte avant celui sombre et fantomatique des Hollandais, amplifié de la coulisse. campe un Holländer grave sans excès de noirceur, presque égal par la couleur au Daland de , là où Bayreuth et certaines salles germaniques font souvent le choix d'un timbre plus profond pour le premier. réussit à bien faire vivre son personnage d'Erik grâce à un haut-médium parfaitement projeté, quand on remarque également la Mary vaillante de . complète, avec un excellent Steuermann encore mieux porté qu'à Lille, une distribution dont se démarque particulièrement la Senta de Martina Welschenbach, auparavant dans la troupe du Deutsche Oper Berlin, où elle portera à nouveau le rôle l'an prochain. D'abord soprano lyrique, l'artiste développe sa carrière vers des rôles plus lourds, pour une Senta jamais trop ample dans cette salle, superbe par sa détresse face à l'histoire du Hollandais et scintillante dans sa ballade, à réentendre à Nantes et Angers en juin.

Crédits photographiques, de haut en bas : © Peer Palmowski ;  © Laurent Guizard

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