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La puissance créatrice de Dimitris Papaoiannou dans Since she

Since she, une deuxième création pour le qui poursuit sa saison estivale parisienne à La Villette dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville. Avec humour, conviction et talent, Dimitris Papaoiannou s'installe dans le fauteuil laissé vacant il y a 10 ans à la mort de la chorégraphe allemande.

C'est une scène d'ouverture que n'aurait certainement pas reniée . En robe longue et costume noir, les danseurs du traversent le plateau de part en part sans jamais poser le pied à terre, mais sur les chaises qu'ils déposent et enlèvent au fur et à mesure de leur progression. Quel plus bel hommage à et à son spectacle Nelken que cette forêt de chaises sur laquelle évolue une frise mouvante !
Puissant créateur d'image, Dimitris Papaoiannou, dont on avait déjà admiré le travail en 2015 au Théâtre de la Ville, crée en quelques scènes tout un monde onirique et mythologique, sans paroles, mais avec du son. La scénographie, une montagne formée d'un amoncellement de tapis de mousse noir, et la lumière sophistiquée, contribuent à créer cette atmosphère soyeuse et dense.

Éblouissants, les danseurs semblent revivre. Ce ne sont pas les mêmes que ceux du spectacle Bon voyage, Bob, vu la semaine dernière au Théâtre national de la danse de Chaillot. Robe de papier ou robe se couvrant d'or, les matières magiques des costumes contribuent aussi aux effets spéciaux. Vénus ou Eve, l'on admire la beauté botticellienne d'une danseuse aux longs cheveux roux et l'on se régale de retrouver , dans cette création qui rend justice à leur beauté et à leur puissance d'interprétation.

Se coulant naturellement dans le style chorégraphique de , Dimitris Papaoiannou réussit même à ressusciter les fameuses danses de groupe à l'unisson en les revisitant sous la forme d'un sirtaki, danse traditionnelle grecque ! Idem pour la dramaturgie : saynètes domestiques ou parades d'amour, allégories culinaires s'enchaînent sans temps mort, se superposant dans un foisonnement visuel. A usages multiples, comme l'est la scénographie, les tables servent aussi bien de luge que de gabare, de cuisine que de lit de mort ou de table d'apparat.

La compagnie allemande semble avoir retrouvé un mentor à la vision aussi fertile que son illustre ainée. L'on aimerait voir cette puissance imaginaire et créative au service de l'opéra, goût que semble partager Dimitris Papaoiannou à l'écoute des extraits musicaux du spectacle.

Crédits photographiques : ©Julian Mommert

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