- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Karina Canellakis ouvre la saison à la Philharmonie de Paris

Pour l'ouverture de la saison de la Philharmonie de Paris, l' retrouve la cheffe dans un programme débuté par Wagner et clôturé par Bartók.


L'apparition de la saison passée devant l' avait été remarquée, tant par son travail sur la matière des Danses Symphoniques de Rachmaninov que par la finesse d'accompagnement de dans le Concerto pour violon de Szymanowski. Prévue cette nouvelle saison pour deux programmes avec l'orchestre, elle a l'honneur de porter le concert d'ouverture, devant une formation qui se cherche maintenant un nouveau directeur musical, puisque le précédent a pris son envol vers de nouvelles perspectives de carrière.

La jeune cheffe de trente-huit ans commence son programme par Wagner avec un Prélude de Lohengrin sans doute peu préparé avec la formation. L'on ressent chez cette violoniste passée récemment à la direction l'absence de perspective opératique face à l'introduction de cette œuvre magistrale. L'accompagnement symphonique des Wesendonck-Lieder, dans l'orchestration Mottl – et de Wagner pour la dernière pièce – offre plus de substance. Sont mis en avant : la maestria du violon de au premier lied, et au deuxième le premier violoncelle chaud d'Eric Picard. Six mois après Marie-Nicole Lemieux dans la même salle, le choix de la soprano surprend pour l'ouvrage, et loin du romantisme d'une Isolde, on trouve ici plutôt la retenue d'une Brangäne, avec parfois des accents d'Ortrud selon les passages. Malgré un texte particulièrement soigné, il n'apparaît ici ni effusions sentimentales, ni effluves amoureux, mais plutôt un chant appliqué, en plus d'un accompagnement à la sonorité à la fois légèrement cotonneuse autant que transparente, déjà remarquée l'an passé sous la baguette de Canellakis.


Le Chœur de l' entre ensuite en arrière-scène, pour s'associer à l'ensemble dans la Suite n° 2 de Daphnis et Chloé de Ravel. Là, l'orchestre se dynamise et sa petite harmonie laisse ressortir son éclat. Le chœur préparé par nous a habitué à bien mieux, mais il faut dire pour sa défense que la cheffe ne s'en occupe absolument jamais, et oublie même à son second retour au salut de le faire se lever, avant de se retourner vers le public. Elle donne à la partition de belles envolées, sans jamais marquer d'effets, sans non plus nuancer une pâte sonore seulement vivifiée dans le tutti final. Le Concerto pour Orchestre de Bartók présente les mêmes qualités et les mêmes défauts. L'absence manifeste de perspective limite la portée des thèmes folkloriques comme la mélancolie du message global. Pour autant, la gestion de la formation et son application à en faire ressortir ses meilleurs coloris ravissent. On ne peut oublier cependant que l'orchestre avait encore devant lui Pierre Boulez en 2011 pour cette œuvre, et l'on pourrait apprécier chez cette nouvelle génération de cheffes et chefs, particulièrement à l'aise avec la gestion des masses, une réflexion plus forte sur les œuvres.

 

Crédits Photographiques : © Eric Garault / Pasco & CO

(Visited 1 913 times, 1 visits today)