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Au festival Le Temps d’aimer à Biarritz, le crash du CCN de Caen

Si Fix me d' tourne au fiasco malgré la musique électrisante d'Arnaud Rebotini, le Festival Le Temps d'aimer réserve d'autres belles surprises.

A Biarritz, l'on prend le temps d'aimer la danse. Celle-ci ne s'apprécie pas seulement dans les théâtres, mais aussi au détour d'une place, d'un jardin où se dresse une scène éphémère, sur le promenoir de la grande plage où danseurs passionnés, novices ou aguerris, peuvent participer à la gigabarre donnée face à l'océan par l'un des maîtres de ballet du . Et le public est au rendez-vous. Chaque représentation en plein air attire un public nombreux, curieux de poser des questions aux artistes comme lors de la répétition de la chorégraphe qui présente des extraits de sa prochaine création « N'ayez pas peur ! ». Nombreux aussi étaient ceux venus admirer la compagnie Adéquate de et David Gernez qui, avec « Douce Dame », conte par le chant, la musique et la danse, une ballade médiévale sur le thème de l'amour courtois dans le hall du Théâtre du casino face à la mer.

En première partie de soirée, au petit théâtre du Colisée, se produit la compagnie avec son spectacle Holy. et , qui ont fondé la compagnie en 2005, se sont côtoyés dans la compagnie d'. Ils présentent ici le solo Holy, créé en 2018 et inspiré du poème d'Allen Ginsberg « Howl », au parfum sulfureux. Le texte, jugé scandaleux à sa parution en 1955, a valu à ceux qui l'ont publié arrestation et inculpation. Le solo, interprété par , passé par la de Tel-Aviv, mêle danse et texte, dont des passages sont diffusés par une bande-son en français puis en anglais. L'artiste en lit également des extraits dans ces deux langues puis en hébreux. Si la puissance du texte est réelle, le langage corporel n'atteint pas la même force. Le solo est divisé en plusieurs séquences, entrecoupées de pauses qui permettent au danseur de changer de vêtements. Certains passages engagent le corps du danseur avec intensité, avec des séries de petits sauts ou de mouvements saccadés, comme les gestes d'un boxeur, d'autres sont plus lents et statiques. L'on a toutefois du mal à distinguer la cohérence de l'ensemble et le lien avec le texte reste ténu. L'intention du solo n'est pas claire : s'agit-il d'éclairer le texte sous un angle différent, d'enrichir le propos par la danse, ou simplement de l'illustrer ? La dimension transgressive et révoltée du texte n'apparaît que faiblement dans la performance dansée.

La soirée se poursuit au Théâtre du Casino avec Fix me, une pièce d', directeur du , sur une création électro du DJ Arnaud Rebotini. Si la création sonore, jouée en direct, est une réussite, en revanche, la chorégraphie frise l'imposture. Sur scène, quatre danseurs, dont lui-même qui se met en scène de manière caricaturale, gesticulent dans des univers séparés et irréconciliables. Les danseurs déplacent des cartons pour former des piédestaux, où chacun vient, à tour de rôle, proposer un solo, qui semble improvisé plutôt que le résultat d'un langage chorégraphique écrit. Alban Richard incarne un personnage de travesti, qui tourne à la parodie vulgaire. Plus la pièce avance, plus l'impression de satiété, voire d'écœurement, devant la vacuité du propos saisit. Jeter rageusement à terre les drapeaux noirs à la fin de la pièce semble d'autant plus ridicule que le geste parait vide de sens. Enfin, aucune cohésion ne peut exister entre les danseurs, dont certains possèdent des qualités indéniables mais malheureusement peu mises en valeur, dans la mesure où les égos individuels prennent le dessus et donnent l'impression d'une danse repliée sur elle-même dans un delirium très personnel et creux.

Crédits photographiques : Photographie n°1 : Holy, © Stéphane Bellocq ; Photographie n° 2 : Fix me, Alban Richard © Agathe Poupeney

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