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Et le 56e Concours de jeunes chefs d’orchestre de Besançon sacra la femme

Suivie avec ferveur au Théâtre Ledoux comme sur l'écran géant tendu Place Granvelle, la compétition bisontine se clôt sur un sacre féminin.

40 nationalités. 270 impétrants (62 femmes, 208 hommes). 20 candidats retenus pour le premier tour (épreuve avec petit orchestre). 12 pour le deuxième (épreuve symphonique et concerto). 6 pour la demi-finale (oratorio et opéra). 3 pour la Finale. Deux orchestres : le , relayé, après les deux premiers tours, par le . Deux œuvres superbes et parfaitement appariées dans leur façon de tutoyer le cosmos : Constellations d'Eric Tanguy, Mort et transfiguration de .

Le trio de finalistes (un Chinois, un Français, une Japonaise) est adoubé à l'issue d'une passionnante demi-finale qui ne donne guère matière à discussion. La Finale, présentée avec le naturel et l'humour qu'on lui connaît par Clément Rochefort, délivre les candidats des injonctions (« Move on ! ») du président du jury () comme du grelot de la sonnette de Garrigou actionnée par la marche du Temps, et les autorise enfin à s'exprimer sur la durée.

Après la prestation de Haoran Li (33 ans), on croit la messe dite à l'issue de la forte impression faite par le jeune chef qui, après avoir parfaitement saisi la puissance de feu du Tanguy, un irrésistible vertige de 12 minutes qu'il a l'honneur de donner en création mondiale, semble faire don de sa personne au tout aussi spectaculaire poème symphonique de Strauss, qu'il dirige par cœur et clôt bouleversé, tête baissée. On a une pensée pour l'époque où le visage des candidats n'était pas retransmis sur écran, une différence tout sauf mince : l'interprétation très maîtrisée de (28 ans), récompensée d'une mention spéciale, aura semblé plus lisse.

Après l'entracte, Nodoka Okisawa (32 ans) donne raison aux rumeurs flatteuses qui circulaient sur son compte depuis l'épreuve oratorio : un geste délié, une simplicité à l'opposé de tout démonstratif, la mènent à la victoire absolue (en 1993, Silvia Massarelli avait dû partager son prix avec Daisuke Soga), réalisant de surcroît, à l'instar de Ben Glassberg, le grand chelem : Coup de cœur du public, Coup de cœur de l'orchestre, Grand Prix du jury (auquel s'est adjoint in fine un invité cher à bien des mélomanes : .) On s'interroge sur ce qui aura fait la différence entre Chine et Japon : un Strauss qui n'oubliait pas que la Mort était suivie de la Transfiguration ? Le désir d'un festival, en phase avec son époque, de l'inédit d'une première place à une femme ? L'anniversaire de la victoire, pile 60 ans plus tôt, sur les mêmes planches, d'un autre japonais,  ? Et l'on aura bien sûr noté la forte présence asiatique à cette édition (5 solistes sur les 6 de Cosi fan tutte, 4 chefs sur 6 pour la demi-finale).

Il n'est pas toujours fréquent que le vote du public coïncide avec celui du jury : ce nouveau doublé prouve que le Concours de Besançon a aussi valeur pédagogique pour son public et que l'éducation musicale n'est pas un vœu pieu.

Crédit photographique : © Yves Petit

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