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Florilège de partitions post-wagnériennes avec Marie-Nicole Lemieux

Superbement entourée, la contralto canadienne enchantera ses admirateurs par un programme cohérent, original et innovant. À la rondeur et au moelleux de la voix soliste et du chœur répondent les splendeurs orchestrales de l'.


Pour la cohérence et la pertinence du programme, on ne pourra pas rêver mieux. Trois ouvrages vocaux plus ou moins contemporains, reliés entre eux par la thématique de la mer. Deux français, l'un anglais. L'un est hyper connu (Chausson), l'autre l'est moyennement, du moins en France (Elgar), et le dernier, enregistré en première mondiale (Joncières), sera pour tous une découverte absolue. Les trois œuvres font appel à une voix grave de femme ainsi qu'à un orchestre symphonique à l'effectif généreux. Ces trois partitions à l'esthétique résolument post-wagnérienne partagent une instrumentation relativement semblable dans sa richesse et dans sa variété.

Le CD démarre avec les remarquables Sea Pictures d'Elgar, pièce composée de cinq tableaux vocaux de toute beauté écrits sur une série de poèmes que l'on doit à divers écrivains britanniques : Roden Noel, Caroline Alice Elgar (la propre épouse du compositeur), Elizabeth Barrett Browning, Richard Garnett et Adam Lindsay Gordon. À l'aise en anglais comme en français, s'y montre plus contralto que mezzo, déployant une richesse de timbre dans le grave que certaines incarnations récentes, qui tiraient la voix vers les hauteurs de la tessiture, ne lui avaient pas tout à fait permis. Elle égalerait presque dans ces pages, par les subtiles couleurs qu'elle parvient à donner au texte, l'enregistrement de référence autrefois gravé par Janet Baker, mezzo-soprano avantagée par une quinte aiguë rayonnante. Le timbre onctueux et chatoyant de Lemieux donne au Poème de l'amour et de la mer et au texte de Maurice Bouchor une sensualité vocale qui fait défaut à certaines de nos sopranos (Felicity Lott, Véronique Gens…) qui se sont risquées dans ces pages. Là aussi, la diction est royale et le sens des colorations semble infini.

L'œuvre peu connue de , sur un texte d'Édouard Guinand, permet à Lemieux de dialoguer avec le Chœur de l'Opéra national de Bordeaux. La qualité de l'interprétation, la netteté de la diction de la soliste mais aussi du chœur donnent à ces pages plutôt conventionnelles, mais de belle facture, toute leur dimension théâtrale, voire opératique. L', sous la baguette experte de , rend pleinement justice à ces trois partitions d'une grande richesse de timbres et de couleurs. Peut-être pourra-t-on contester le côté artificiel et fabriqué de la couverture, mais cela n'est rien à côté des délices que procurera ce très bel album.

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