- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Nouvelle captation SACD de la version 1869 de Boris Godounov

À la tête des forces suédoises de Göteborg, renouvelle l'exploit musical d'il y a quelques saisons. Plateau fort et cohérent pour une œuvre sombre et torturée qui redessine le paysage musical du XIXᵉ siècle.

Ce n'est pas la première fois que la version originale 1869 de Boris Godounov reçoit les honneurs du disque. Valery Gergiev l'a déjà enregistrée, et c'est cette version en sept scènes qui a également été retenue pour la production munichoise de 2013 dirigée par le même , dont la captation DVD a été chroniquée dans nos colonnes. Même si l'orchestre et le chœur ne sont pas les mêmes, on retrouvera sur la version CD le même geste de direction ferme et ample, qui fait ressortir toutes les dissonances et toutes les aspérités d'une écriture orchestrale d'une rare modernité. Les rugosités instrumentales contribuent, de la première page à la dernière, à la création d'une atmosphère torturée dont les tensions à la fois musicales et dramatiques déstabiliseront vraisemblablement plus d'un auditeur. Dans un tel contexte, la disparation de l'acte polonais ne nuit en rien, bien au contraire, à la cohérence structurelle de l'œuvre.

Le chœur et l'orchestre de l'Opéra de Göteborg sont parfaitement à la hauteur de la situation. De la distribution, trois des chanteurs de la version CD – , et – faisaient déjà partie de l'aventure munichoise. Comme souvent dans cet ouvrage, les voix graves, très nettement prédominantes, dominent le plateau. , Boris encore relativement jeune, renouvelle sa superbe prestation musico-dramatique de tsar rongé par le remords. À ses côtés, le noble Pimène de tire lui aussi son épingle du jeu. Les deux ténors font belle impression également, à commencer par , qui trouve dans le personnage du veule et intriguant Chouisky un rôle à la mesure de ses moyens. Plus « ténor », dans le sens traditionnel du terme de fringant jeune premier, fait valoir un chant de qualité. Les rôles secondaires, si tant est que cela a un sens dans un ouvrage de cette nature, sont tous impeccablement tenus par les solistes de la maison ou par des artistes russes visiblement familiers de la partition de Moussorgski.

Voici donc une version de Boris Godounov qui, de par ses options musicologiques, pourrait bien bousculer une discographie encore très largement dominée par les révisions ultérieures de l'œuvre.

(Visited 1 249 times, 1 visits today)