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Triste Katia Kabanova au Staatsoper de Berlin

ou ne parviennent pas à sauver une soirée sinistrée par la mise en scène et par la fosse.


Attention, drame. Nous l'avions à vrai dire déjà remarqué, mais tient à nous le faire savoir : Katia Kabanova est une bien triste histoire. Oppression des femmes, oppression entre générations, et l'amour qui n'est pas là. Dans une mise scène créée en 2010 à la Monnaie et reprise à Berlin pour la seconde fois, Breth choisit donc de plonger la scène dans une pénombre perpétuelle et d'en faire le lieu le moins accueillant qui soit. L'image d'ouverture, qui montre Katia engoncée dans un réfrigérateur ouvert, écrasée par le contexte domestique qui la déshumanise, a une réelle force, mais dès ce moment la scène est comme polluée par des éléments adventices que l'obscurité perpétuelle du spectacle empêche de reconnaître, sans même parler de les interpréter. Lorsque toute la maisonnée est réunie pour un repas, les domestiques tout en noir, la jeune génération en blanc, seule la marâtre a le droit à la couleur (un éclatant costume violet) : la domination se montre sans fausse pudeur. Mais à côté de ces éléments pas vraiment révolutionnaire, que d'obscurité sentencieuse dans la pénombre qui règne sur scène, entre éléments de rituel sans plus de sens que de force théâtrale, pluie qui tombe pendant tout un tableau quitte à gâcher la musique, baissers de rideau à répétition ! Le spectacle donne l'impression qu' ne s'est pas fiée à l'histoire banale que Janáček a pris pour point de départ et a voulu la faire changer de dimension, tout en lui retirant tout fondement émotionnel ou simplement humain.


Musicalement, ce n'est guère mieux, d'abord du fait de la direction sans âme de . Tout est en place, à l'orchestre du moins, mais rien ne vit, et l'orchestre de Janáček y perd beaucoup de sa singularité. Pour les chanteurs, c'est sans doute un cadre rassurant parce que stable, mais rien ne vient les aider eux-mêmes à faire vivre leurs personnages, ce qui est aussi la mission du chef. Dans le rôle-titre, fait tout ce qu'elle peut pour donner vie à son personnage, en se servant des notes bien plus que du texte – sans pouvoir comprendre directement le texte, il nous avait bien semblé que le tchèque comportait aussi un certain nombre de consonnes, et pas seulement une suite inarticulée de voyelles qui finit par priver le chant de précision et de structure. , elle, peine à projeter son texte dans les espaces pourtant assez intimes du Staatsoper, seule la dernière phrase de son rôle parvenant à glacer l'auditoire avec la force attendue. Pas de miracle non plus dans la distribution masculine : même Pavol Hunka manque de mordant dans un rôle qui paraît pourtant fait pour lui. est peut-être celle qui parvient le mieux à tirer parti des circonstances, mais son rôle est trop court pour consoler d'une interprétation trop effacée de cette partition majeure.

Crédits photographiques © Bernd Uhlig (2014)

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