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L’ensemble Céladon exhume les motets de Natale Monferrato

Voici le premier enregistrement consacré à un compositeur vénitien injustement oublié, . met en lumière un florilège de ses motets pour voix d'alto.

La carrière de Monferrato à San Marco de Venise s'est déroulée dans l'ombre de Francesco Cavalli, dont il fut le vice-maître de chapelle. Il publie plusieurs recueils de musique sacrée entre 1655 et 1681. Les motets à voix seule y tiennent une place importante, avec une préférence pour la voix d'alto. Ces compositions, divisées en plusieurs sections, annoncent la cantate sacrée avec ses alternances de récitatifs et d'airs. On y trouve également de courtes ritournelles instrumentales, laissées à la discrétion des continuistes. Caractéristique de l'écriture de Monferrato, l'utilisation de répétitions en écho permet de jouer avec les nuances en fin de phrases. Les airs sont d'une écriture très virtuose où les guirlandes de vocalises semblent évoquer l'envol des putti dans les décors baroques des églises. L'influence de l'écriture des opéras de Cavalli est manifeste dans l'expressivité de ces motets. On est ici devant la scène d'un théâtre sacré où le texte guide l'expression musicale des affects.

La bonne idée de est d'avoir choisi un effectif varié pour un continuo étoffé qui souligne les contrastes de la musique. En plus de la viole et de l'orgue, il fait appel au théorbe, à la harpe, au violone et au clavecin pour un accompagnement riche en reliefs. Le grand Salve Regina qui occupe le centre du programme est un modèle d'expressivité, véritable petit opéra sacré. Il s'ouvre par une introduction improvisée à l'orgue comme cela se pratiquait à l'époque, et qui nous rappelle que la première fonction de Monferrato à San Marco était celle d'organiste. Dans ce motet exemplaire du baroque vénitien, l'intensité dramatique suit parfaitement le sens du texte, pour se terminer par un lamento sublime sur les suppliques à la Vierge Marie, où la voix souple et sensible de fait merveille.

Après nous avoir enchantés avec l' dans un programme luthérien, le contre-ténor confirme sa parfaite maîtrise de l'expressivité baroque versant réforme catholique. Et l'accompagnement de l' se hisse au plus haut niveau dans l'art de la réalisation de la basse continue, autour de . Fidèle à son projet de creuser son sillon hors des sentiers battus, Paulin Bündgen et son ensemble nous offrent là une magnifique découverte.

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