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Deux anniversaires pour une Tosca au Deutsche Oper Berlin

Reprise pour la 400e fois, la production de Barlog pour Tosca fête ses 50 ans en même temps que les 65 ans du directeur musical des lieux, .

Revue par Götz Friedrich pendant son mandat, la mise en scène de Boleslaw Barlog pour Tosca au Deutsche Oper Berlin reste sans doute la plus belle production classique du célèbre opéra de Puccini encore visible aujourd'hui.

Elle affiche cette année un demi-siècle de longévité, pendant lequel sa voûte d'église de toile en trompe-l'œil a vu passer les Mario de Domingo, Pavarotti, Shicoff ou plus récemment Kaufmann. La qualité des décors et de la dramaturgie présentent toujours de très belles idées et images, comme cette Tosca dont le Vissi d'Arte débute face à sa propre image dans le miroir, le chant des amants dos au public vers la Cathédrale de Rome, où à la scène finale une préparation particulièrement réaliste du peloton d'exécution, puis une magnifique aurore dont la lumière roussit les derniers instants et le suicide de l'héroïne.

Ce soir, Nina Stemme, présente à la deuxième, est annoncée malade et remplacée en dernière minute par celle qui l'avait déjà couverte dans la saison à Vienne pour le rôle. La soprano arménienne bouge parfois trop sur scène, mais elle n'a que des excuses, car en plus d'avoir répondu présente pour sauver cette soirée anniversaire alors qu'elle n'a été prévenue que vers midi, elle chantait déjà Tosca la veille à Leipzig, et arrive à Berlin dans une production qu'elle ne connaît pas ! C'est donc avec une réserve vocale qu'elle débute l'acte I, pour bien développer le chant au II, non seulement dans son grand air, mais par un duo très maîtrisé face à Scarpia. Elle achève l'acte III après encore un beau duo avec Cavaradossi, bien que son finale manque d'émotivité. Vaillant dès le premier air, précis sur le texte, se montrant ample dans le chant sur toute la tessiture, Fabio Sartori campe un amant sensible dans le E lucevan le stelle et très crédible dans sa mort. Face à lui, traite un Scarpia sans noirceur de timbre, fin dans le jeu, maîtrisant lui aussi parfaitement la prosodie de sa langue natale. À l'instar de Thomas Hampson à Vienne récemment, il montre un personnage au visage humain, déjà remarquable lors de sa prise de rôle il y a huit ans.

Du reste de la distribution, l'ancien consul Angelotti ressort particulièrement grâce à la verve scénique et vocale de , tandis que l'on retient également le Spoletta d'Andrew Dickinson et le chant du Pâtre, caché, peut-être parce qu'il est tenu par une fille et non un garçon, Lola Violetta Haberstock. Les Kinderchor und Berlin démontrent une fois de plus la qualité de leur préparation et leur habitude à porter aujourd'hui les ouvrages de Puccini sans les alourdir. L'orchestre ne peut cacher ses origines germaniques, surtout dirigé avec une lenteur parfois dangereuse pour le plateau, par le directeur musical des lieux depuis une décennie, . Parfois lent au risque de forcer les deux chanteurs italiens à attendre un ou deux temps avant de reprendre en phase avec l'orchestre, le chef offre toutefois un solide soutient symphonique, en plus d'appuyer certaines scènes par de belles mises en avant de phrases aux cordes. Il bénéficie en outre d'une machine parfaitement huilé, dont se démarquent certains bois et des cuivres vigoureux.

Après le drame, le rideau s'ouvre une dernière fois, pour un happy birthday sans aucune peur du kitsch, chanté et dansé par les protagonistes du soir, devant un directeur musical maintenant âgé de soixante-cinq ans.

Crédits Photographiquess : © Bettina Stöß

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