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Rencontres à Lübeck autour de Buxtehude par l’ensemble la Rêveuse

Figure marquante de la musique instrumentale d'Allemagne du Nord pour le violon et la viole, il n'est pas étonnant que le compositeur soit au cœur de l'identité de l'. Après des Sonates pour deux violons, viole en basse continue en 2009 et des Sonates en trio ayant reçu une clef d'or ResMusica en 2017, ce sont les cantates pour voix seule auquel se consacre leur dernier disque.

Le programme de Buxtehude, cantates pour voix seule, est en vérité construit autour de ce type de composition musicale dans la ville de Lübeck à la fin du XVIIᵉ siècle. fut effectivement organiste et administrateur de l'église Sainte-Marie en 1668 dans l'ancienne capitale de la Hanse, mais l'enregistrement débute avec la musique de son prédécesseur, le titulaire de l'orgue à partir de 1641 (1614-1667). Celui-ci lança la tradition des Abendmusiken, ces « musiques vespérales » données chaque année depuis le grand orgue et dont les cycles de cantates et d'oratorios sont dotées d'une théâtralité et d'un esprit opératique certains. « Ach Herr, lass deine lieben Engelein » alterne ainsi avec une spiritualité manifeste et une jovialité lumineuse, que la soprano porte avec une agréable sobriété et une douce élégance.

De Buxtehude, quatre pistes sur neuf propositions lui sont consacrées, de la plus célèbre cantate « Herr, wenn ich nur dich lab » à « Sicut Moses exaltavit serpentem in deserto », au style concertato polychoral vénitien de Dixit Dominus et à sa musique instrumentale avec une Sonata VI opus 1. La présence de la musique de (ca. 1650-1711), Resurexi adhuc tecum sum, de Gabriel Schütz (1633-1710/11), Sonata a 2 viole da gamba, ou encore de Johann Philipp Förtsch (1652-1732), ténor à l'opéra de Hambourg devenu compositeur, puis médecin et conseiller politique d'August Friedrich von Holstein-Gottorf, prince-évêque de Lübeck (Aus der Tiefen ru fich Herr zu dir), indiquerait plutôt que le fil conducteur de ce disque est la découverte majeure de la collection Düben par le musicologue Carl Stiehl à la bibliothèque universitaire d'Uppsala dont l'intégralité de ces pièces sont issues. Gustav Düben (1628-1690), maître de chapelle à la cour de Stockholm, fut en effet l'un des plus grands copistes et collectionneurs de musique de l'Europe du Nord.

Mais peu importe. Par le biais de ces cantates pour voix seule, la beauté instrumentale des phrasés et la fidélité stylistique de l' dirigé par et (lire notre entretien) sont exemplaires. Avec ces neuf musiciens, nous sommes bien à Lübeck dans le clair-obscur d'une chapelle, que l'intimisme de la prise de son souligne. L'ensemble de cordes et d'un orgue est chantant et lumineux, fort de musiciens particulièrement soudés et à l'écoute les uns des autres, n'oubliant pas d'affirmer un jeu rigoureux pour matérialiser la précision de ces compositions. Ces interprètes pourvus d'une éloquence notable et d'une douce expressivité, retranscrivent à merveille la poésie et la force de ce répertoire.

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