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Une Neuvième Symphonie de Mahler inégale par Semyon Bychkov à Munich

Les Münchner Philharmoniker se montrent à leur avantage dans cette Symphonie n° 9 de Mahler, dirigée par Semyon Buchkov, mais la cohérence du parcours ne s'impose pas.


C'est le branle-bas de combat dans les salles de concert de Munich : l'Orchestre de la Radio Bavaroise finira bien par avoir sa salle attitrée, et la Philharmonie qu'il partage avec l' va être dans quelques mois fermée pour travaux, avec une Philharmonie provisoire en construction durant ce temps. En entendant le Philharmonique doit se débattre avec cette acoustique, on en vient à espérer que le provisoire sera meilleur que le permanent : on a rarement ressenti autant que ce soir cette impression désagréable que la musique, sans perdre en netteté, vient de loin et se retrouve privée de tout impact physique. La Neuvième Symphonie de Mahler devrait pourtant remplir ces vastes espaces, mais c'est tout le contraire qui se produit – nous n'avions pas eu ce problème voici quelques mois pour la Grande messe de Mozart avec Herbert Blomstedt.

Grand dommage, en vérité : le début du premier mouvement laisse espérer une direction stimulante de la part de . La perspective de ce premier mouvement est clairement dramatique. Le héros mahlerien de Bychkov se jette à corps perdu dans le combat, mais sans oublier l'élan vital et la chaleur humaine. Bychkov trouve dans la suite du mouvement un équilibre entre une tension qui ne retombe jamais et un sens du grand geste musical qui résiste à la tentation du pathos, tout en réservant des moments méditatifs intenses. Le deuxième mouvement convainc moins. Le début du mouvement paraît forcé, suraccentué, et les moments où l'orchestre semble s'abandonner à la danse manquent un peu de direction et de sens, et cette impression d'artificialité se poursuit en bonne partie dans le troisième mouvement où l'inspiration du chef semble trop hétérogène – même là où l'écriture de Mahler se fait la plus fragmentée, l'unité de la conception et de la forme devrait primer. Bychkov se montre plus à l'aide avec les passages à tonalité de choral, avec les grands arcs, qu'avec les rythmes de danse et les ruptures – il est vrai que c'est dans ces mouvements centraux que le poids de l'acoustique ingrate de la salle se fait le plus entendre. Le dernier mouvement, ce n'est que logique, retrouve un niveau d'inspiration proche du premier, Bychkov tirant de son orchestre munichois des couleurs denses qui donne de la chair à ce finale. On aurait aimé peut-être que ce dernier mouvement donne un peu plus nettement le sentiment d'une évolution, d'une perte progressive, que même la toute fin de l'œuvre ne parvient pas à donner.

Crédits photographiques © WDR/Sheila Rock

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