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Une sonate inédite de Richard Strauss par Raphaela Gromes et Julian Riem

Après un précédent opus consacré à Offenbach, la violoncelliste et le pianiste dédient leur dernier album à en confrontant sur le même CD deux versions différentes de la célèbre Sonate opus 6 : la version dite « habituelle » de 1883, et une version jusqu'à présent inédite, datant de 1881, présentée, ici, en première mondiale. Une mise en miroir passionnante…

Dans un entretien nous précise les similitudes (architecture en trois mouvements, avec un premier mouvement reposant sur le même thème) et les différences (les deux derniers mouvements) de ces deux moutures, composées à deux ans d'intervalle. Plus qu'une différence de forme, c'est plutôt dans le tempo et dans les climats qu'il faut chercher leurs particularités respectives. 

La version de 1881, encore inédite à ce jour, se caractérise dès l'Allegro initial par son ton assez badin, léger, associant un piano bien présent, au jeu perlé, à un violoncelle plus pensif et lyrique, dans un équilibre bien contenu. Très lent, le Larghetto se fait plus méditatif que mélancolique, sans effusion excessive, se cantonnant dans un dialogue élégant et poli entre les deux instruments, tandis que l'Allegro final semble baigné d'insouciance et de lumière dans une joute virtuose et romantique.

Une toute autre ambiance habite la version « habituelle » de 1883. Avec une particulière pertinence, les deux solistes en accentuent volontairement les dissemblances de ton. Plus tourmenté, avec une sonorité plus profonde et plus appuyée, le violoncelle s'associe à un discours plus grave du piano, qui, combiné à un tempo plus rapide, accentue le caractère ardent de l'Allegro initial, majoré encore par une agogique fluctuante entretenant inquiétude et mélancolie. Chargé d'affliction et de gravité, l'Andante entrelace le lyrisme douloureux du violoncelle et le chant plaintif du piano, avant que la lecture ne devienne plus symbiotique, engagée, voire haletante, dans l'Allegro final, très contrasté, alternant tension et détente.

Quelques lieder sans paroles datant de la même époque et une Waltz Suite extraite du Chevalier à la rose, tous adaptés pour violoncelle et piano par , complètent cet album qui constituera pour beaucoup, en dehors de quelques initiés, une belle découverte, reposant sur une interprétation irréprochable, démonstrative et complice.

 

Mis à jour le 12/05/2019

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