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Les Octuors de Mendelssohn et d’Enesco par les quatuors Gringolts et Meta4

Le et le Quatuor proposent les octuors à cordes de et de .

Avant que n'élabore son Octuor à cordes en mi bémol majeur op. 20 en 1825 – lorsqu'il n'avait que seize ans –, seul avait composé pour une combinaison d'instruments similaire. Cependant, plutôt qu'un octuor, l'œuvre de Spohr était un « double quatuor » écrit pour deux quatuors à cordes égaux mais indépendants. Mendelssohn, en revanche, considérait les huit instruments comme une seule unité, collaborant « dans un style orchestral symphonique », comme il le déclara lui-même. Il semble y rompre avec le style mozartien qui avait caractérisé ses pages antérieures et, en même temps, faire son premier pas sur la voie du romantisme.

Pour l'Octuor à cordes en ut majeur op. 7 de , le deuxième octuor de ce disque, il s'agit également d'une œuvre de jeunesse écrite à une époque de transition, entre romantisme et modernisme. La composition de cette page dura environ un an et demi. Enesco avait dix-neuf ans quand il la termina en décembre 1900.

Tous les membres du et du Quatuor jouent sur des instruments de facture prestigieuse, construits entre 1600 et 1780 par les meilleurs, Giovanni Paolo Maggini, Antonio Stradivari ou Guarneri del Gesù. L'effet de cette combinaison impressionne par la richesse en couleurs qui n'exclut pas l'homogénéité ni quelques audaces de l'interprétation. Celle de l'Allegro moderato ma con fuoco, dans l'Octuor à cordes en mi bémol majeur op. 20 de Mendelssohn est vibrante, tendue, un peu nerveuse, par instants même véhémente, souffrant d'un manque de sérénité. L'expressivité est intensifiée par l'accentuation de certains accords, mettant fin aux phrasés, ce qui brise la vocalité des lignes mélodiques et rapproche cette prestation à l'avant-gardisme de l'Octuor d'Enesco. Dans le Mendelssohn, le calme ne s'impose qu'à la fin de l'Andante, avec la douce cantilène portée par le premier violon, un 1732 manié par avec raffinement, mais sans véritable consistance, sous ses doigts précis et son archet agile et expressif. Ces moments ne durent pas longtemps car le Scherzo suivant fait penser à une discussion vive et acharnée, dans laquelle le bourdonnement des violoncelles semble atténuer les interventions tranchantes du violon. À son tour, le finale – Presto – est plein d'allant et de brio. Toutefois, la pulsation rythmique se révèle d'une irrégularité problématique car elle contrarie l'agogique de l'écriture.

Dans l'interprétation de l'Octuor à cordes en ut majeur op. 7 d'Enesco, les musiciens paraissent se sentir plus à l'aise que dans le Mendelssohn, nous plongeant dans des sonorités tantôt hypnotisantes par leurs harmonies, tantôt charmantes par leur subtilité. L'étendue des phrasés n'est, cette fois-ci, pas soumise à des coupures dues à la disposition discutable des accents. Une telle approche permet de mettre en lumière la grande complexité d'une structure dont l'exécution s'étend attacca sur trente-huit minutes. Avec le peu de vibrato qu'ils utilisent, les chambristes favorisent des ambiances résolument modernes, dépourvues de fausse sentimentalité et de tendresse. Dans le mouvement Très modéré, ils respirent amplement et exaltent la placidité, tandis que dans le mouvement Très fougueux, leur discours se colore d'agitation et d'angoisse soulignées par la précision rythmique et la netteté de l'attaque des cordes. En revanche, dans le pic du climax, on aurait souhaité percevoir une vraie furie, un cri strident nous permettant d'éprouver la catharsis. Par la suite, le mouvement Lentement est interprété avec modération et délicatesse, sans nous faire oublier l'intensité qui va croissante dans le finale, le Mouvement de valse bien rythmé, où des fluctuations de tension passent entre les instruments naturellement. Le jeu est alors empreint de contrastes dynamiques remarquablement dosés sans excessivité, et de changements agogiques plus ou moins éloquents, procurant à cette lecture encore plus de vigueur.

Voici une proposition discographique intéressante qui cependant nous convainc moins pour l'Octuor à cordes en mi bémol majeur op. 20 de Mendelssohn.

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