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Vincerò : les débuts incertains de Piotr Beczała chez Pentatone

Pour son premier album chez Pentatone, Piotr Beczala laisse des impressions mitigées.

Le ténor compte parmi ces stars du chant lyrique dont l'agenda est très (trop ?) chargé. Raison, peut-être, pour laquelle il ne se produit pas régulièrement en solo au disque. Hormis le CD regroupant les mélodies de Mieczysław Karłowicz et de Stanisław Moniuszko, sorti au début de 2020, sa réalisation précédente date déjà de 2015 (Clef d'or ResMusica). Si cette dernière se concentrait autour d'airs extraits d'œuvres lyriques françaises, ce nouveau disque est dévolu entièrement à l'opéra italien, plus précisément à des musiques créées entre 1889 (Edgar de ) et 1926 (Turandot).

aborde ici le répertoire vériste, domaine où il impressionne par la beauté et la clarté de son timbre, par sa palette de nuances dynamiques, par la finition des phrasés, portés par une souplesse favorisant, çà et là, de légers rubatos bien pensés. Sa voix charme quasiment dans toute son étendue, y compris dans les aigus, jamais « ternis » par un fausset. Sa déclamation est empreinte de douceur sans théâtralité exagérée ou mièvrerie sirupeuse. Tout paraît ici mesuré dans les moindres détails. En revanche, au fur et à mesure de l'écoute du disque, le manque d'émotions et de fraîcheur devient de plus en plus pesant. L'exécution assez fade, qui empêche le soliste d'être aussi touchant que sur scène, finit par ennuyer. Rappelons qu'il s'est déjà produit dans quelques-uns des opéras dont les extraits sont proposés dans cet album, notamment dans Tosca ou dans Adriana Lecouvreur. Ici, tout semble chanté sur le même ton, de façon monomorphe. Serait-ce la conséquence d'une fatigue accumulée en raison d'apparitions trop fréquentes ? Ou, plutôt, du niveau assez médiocre de l'orchestre et du chœur, animés sans conviction par Marco Boemi ?

Dans E lucevan le stelle de Puccini, séduit, mais ne subjugue pas autant, avec un timbre moins satiné que celui de Luciano Pavarotti et une expression pas aussi intense que celle de Jonas Kaufmann, tout comme – d'ailleurs – dans Mamma, quel vino è generoso de Mascagni, l'air pour lequel le ténor polonais est beaucoup moins raffiné et électrisant que son confrère allemand. Le moment le plus émouvant de ce récital, est probablement son dernier air, Nessun dorma de Turandot, magnifié par une poésie mêlée de pathos, avec son dernier mot : Vincerò ! (Je vaincrai !), chanté récemment, lors de la pandémie de Covid-19, sur les balcons en Italie.

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