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Daniele Gatti et le National : retour remarqué à l’Auditorium de Radio France

Après le « Philhar » il y a quelques jours, c'est aujourd'hui au tour du « National » de réinvestir la scène du grand Auditorium de Radio France pour un concert dirigé, de façon assez piquante par son ancien directeur , en lieu et place d' directeur démissionnaire et de , pas encore arrivé ! Un « Temps retrouvé » assurément et un beau programme original, convoquant Dutilleux et Honegger, joué sans public mais retransmis en direct sur internet.

Un programme qui doit beaucoup à puisqu'il s'agit de deux commandes effectuées par le chef suisse auprès d' et d'. Deux compositeurs se retrouvant dans leur refus de toute école et de tout système.

Mystère de l'instant est une pièce initialement composée pour 24 cordes, cymbalum et percussions, d'une vingtaine de minutes, datant de 1989, comportant 10 parties enchainées comme autant d'instantanés successifs typés, sans lien entre eux. Mystère doit être envisagé, ici, dans un sens large, sans en exclure la composante spirituelle : l'écriture y étant envisagée comme une cérémonie avec sa part de magie et de mystère. , habitué de l'œuvre qu'il dirigea avec ce même orchestre en 2016 à l'occasion du centenaire du compositeur nous en offre une lecture en tous points remarquable, par l'attention apportée aux détails de la partition, par la rigueur dans l'agencement des plans sonores, comme par la précision rythmique. De l'éclatement de la masse sonore à l'épanchement lyrique douloureux, le maestro italien sculpte la matière, en fait ressortir timbres et résonances, nuances et contrastes dans une interprétation tumultueuse et tendue qui trouvera sa résolution dans le grand embrasement final.

La Symphonie n° 2 pour orchestre de chambre avec trompette ad libitum d', fut, quant à elle, composée en 1941, période de guerre dont elle porte les douloureux stigmates. Trois mouvements la composent. Débutant par une sorte de lamento très spiritualisé énoncé par l'alto, le discours se creuse rapidement et s'envenime avec l'entrée des autres pupitres dans une polyphonie très contrastée et nuancée, véritable cavalcade impérieuse précédant une péroraison plus apaisée, à laquelle succède un Adagio construit sur une succession de respirations orchestrales plaintives et profondes précédant un Presto en forme de fanfare glorieuse et triomphante au sein d'une marche pleine d'allant, presque rieuse dans sa progression inexorable, pour conclure dans la joie des retrouvailles ce magnifique concert.

Crédit photographique : © Primo Gnani

 

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