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Klaus Mäkelä : bienvenue à Paris

Juste un an après sa première apparition au pupitre, en juin 2019, face à l', le jeune prodige finlandais de la direction d'orchestre est nommé, à 24 ans, conseiller artistique et, à partir de 2022, directeur musical de la phalange parisienne. Un véritable et surprenant coup de foudre.

Voilà un concert qui fera date puisqu'il s'agit, tout à la fois, du premier concert symphonique, avec public, proposé par la Philharmonie de Paris depuis la fin du confinement, en même temps que le premier concert du jeune maestro finlandais en tant que nouveau conseiller musical. Violoncelliste de formation, chef d'orchestre au talent déjà unanimement reconnu, élève de Jorma Panula à l'Académie Sibelius d'Helsinki (comme Esa-Pekka Salonen, Mikko Franck et bien d'autres), chef principal du Philharmonique d'Oslo, il succède à Daniel Harding et sera le huitième directeur musical de l', après des prédécesseurs prestigieux comme Munch, Solti, Barenboïm, Bychkov, Eschenbach, et Järvi.

Pour ce concert inaugural le programme s'articule autour de la danse et de la joie, avec deux œuvres célèbres dans une association pleine de promesses, la Symphonie n° 7 de Beethoven et Le Tombeau de Couperin de .

Après que le public de 1 200 spectateurs (jauge réduite de moitié pour les raisons que l'on sait…) a adressé une longue ovation aux musiciens de l', fait son entrée : silhouette élancée, costume sombre et cravate, cheveux gominés, souriant et dégageant une étonnante maturité qui ne tardera pas à se confirmer au pupitre. La gestique est souple, féline, élégante, précise, claire et immédiatement compréhensive, attentive à tous les pupitres, avec un bras gauche très actif…

Le Tombeau de Couperin, en quatre mouvements dans sa version orchestrale de 1920, bénéficie d'une lecture parfaitement juste dans le ton, comme dans la note. Dès l'entame du Prélude, hommage est rendu à la musique française par la souplesse, l'élégance et la légèreté du phrasé, tout en nuances dynamiques et rythmiques. On apprécie l'excellent prestation du hautbois d' et la harpe scintillante de Marie-Pierre Chavaroche. La Forlane, fluide, est menée sur un tempo assez lent, apparaissant presque théâtrale et envoûtante par la délicatesse du discours et son balancement subtil qui invite à la danse, avant que le Menuet ne fasse montre de la maîtrise de dans un crescendo parfaitement amené. Dans un registre plus allant le Rigaudon final, à la fois rustique et mélancolique, fait la part belle aux cuivres impeccables de la phalange parisienne.

Changement de registre pour la Symphonie n° 7 de Beethoven dont le chef nous livre une lecture étonnante de nuances ; un Beethoven lumineux, passionnant de bout en bout, dense et sans lourdeur, sur un tempo là encore assez lent (45 minutes) qui laisse respirer l'orchestre et fait valoir tous les pupitres dans une grande clarté de textures. Imprégné d'un sentiment d'attente le Poco sostenuto initial met en valeur les bois, avant que le Vivace ne déroule une lecture tendue sur un phrasé très en relief, à la fois lyrique et cadencé, avec des appuis rythmiques bien marqués (timbales). Les cordes graves (altos et violoncelles) amorcent ensuite le célèbre thème de l'Allegretto, secondairement élargi au quatuor, puis aux contrebasses, dans un ostinato magnétique et obsédant dont Klaus Mäkelä n'appuie jamais le trait, laissant entendre de beaux contre chants de cor (Benoit de Barsony). Jubilatoire, le Presto renoue avec la danse à l'invitation de la petite harmonie, des cors et des timbales, avant la cavalcade finale de l'Allegro con brio, conduit à un train d'enfer au risque de faire déraper les cordes, au demeurant irréprochables !

Un magnifique concert conclu par une « standing ovation » et le début d'une nouvelle histoire. À suivre…

Crédit photographique : Klaus Mäkelä © Heikki Tuuli

Mis à jour le 10/07/2020 à 22h

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