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Lauréate de la Maestra, Rebecca Tong fait ses débuts face à l’Orchestre de Paris

Pour son premier concert face à l', dirige la Symphonie n° 4 de et le Concerto pour hautbois de Mozart avec en soliste.


Âgée de 36 ans, américano-indonésienne d'origine chinoise, , qui vient de remporter tout récemment, en septembre dernier, la première édition du concours de cheffes d'orchestre, la Maestra, ouvre en beauté la série de concerts sans public (pour raison de confinement) diffusés en direct sur le site de la Philharmonie de Paris (Philharmonie live et Arte concert) avec un programme convoquant Mozart et Mahler.

Si le Concerto pour hautbois de Mozart, dédié au hautboïste Giuseppe Ferlandis de la chapelle de Salzbourg, composé en 1777, ne laisse qu'un rôle limité à l'orchestre (cordes), tout entier centré sur le jeu du soliste, illuminé ce soir, par l'interprétation flamboyante d', l'hautboïste solo de l', alliant virtuosité, légèreté et style galant, traduisant ainsi ses influences françaises, la Symphonie n° 4 de Mahler, en revanche, fournit à la jeune cheffe un terrain de choix pour exercer toute la subtilité de sa direction. Certes la gestique est un peu fruste, mais immédiatement accessible pour livrer une interprétation parfaitement juste, qui convainc immédiatement par sa clarté, par sa maîtrise des équilibres et par la cohérence globale d'un discours qui associe grâce, expression pastorale, joie, ambigüité et ironie.

Allégée par rapport aux précédentes, cette symphonie se démarque des autres par la réduction de l'effectif orchestral (disparition des trombones), par l'absence de chœur et l'absence de programme explicite tout en s'inscrivant dans la continuité par la présence du lied « Das himmlische Leben » (La Vie céleste) tiré du « Wunderhorn », autour duquel elle se construit.

L'Allegro initial, circonspect sans presser, laisse une large place aux performances solistiques individuelles (cordes, petites harmonie, trompettes et cors) remarquablement fédérées par  ; véritable danse macabre menée par le violon solo de , accordé un ton trop haut, le deuxième mouvement, modéré et sans hâte, séduit par ses couleurs tour à tour sarcastique, terrifiante, bancale et ironique ; l'Adagio, à la fois divinement gai et infiniment triste, permet une montée progressive vers l'ineffable grâce au legato et au lyrisme éperdu des cordes, soutenue par le basson et la harpe. Une ascension mystique, là encore, impeccablement négociée par Rebecca Tong qui affine les nuances, se joue des contrastes juqu'au climax fortement cuivré préludant à l'ouverture grandiose des portes du Paradis et à celles du monde de l'enfance retrouvée, confirmée dans le lied final « Das himmlische Leben », étonnant mélange de joies terrestres et de promesses célestes, magnifiquement chanté par , réserve faite d'une diction allemande perfectible ! Un beau concert suivi d'un long silence…. riche de promesses… À suivre.

Crédit photographique : Rebecca Tong © Tiitilayo Ayangade

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