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Visions poétiques par l’Ensemble Reflets

Après un premier album dédié à Claude Debussy et Jacques Ibert, l' (à géométrie variable) consacre son deuxième opus discographique, intitulé « Visions poétiques », à une mise en miroir de et de .

Une confrontation qui ne manque pas de pertinence mettant au jour une vision poétique commune, empreinte de nostalgie et de lyrisme, mais surtout une source d'inspiration sensiblement différente : car, là où l'œuvre de Liszt apparaît habitée par une quête, parfois exaltée, de transcendance, celle de semble s'intéresser plus spécifiquement aux derniers jalons d'une immanence douloureuse, toute empreinte de la certitude acceptée d'une fin prochaine.

On sait que Liszt fournit plusieurs versions de ses Trois sonnets de Pétrarque (piano solo intégrée aux Années de pèlerinage, ou piano et voix), la pianiste nous en propose une quatrième, associant soprano, alto, flûte et piano. Une interprétation qui gagne certainement en théâtralité et en couleurs ce qu'elle perd, hélas, en dévotion et en mysticisme contemplatif, au point de frôler par instant le contre-sens. Comme notamment dans le Sonnet 104 où l'exubérance de la prestation de semble mal s'accorder à l'élévation du propos par l'agressivité du timbre, le vibrato serré, et le manque d'ampleur dans les aigus.

En revanche, on est immédiatement séduit par la sonorité, le legato et la profondeur d'expression de (alto) dans la Romance oubliée comme par la très belle lecture fluide et tendue de (piano) de la Bénédiction de Dieu dans la solitude, menée sur un tempo assez lent pour en accroître toute la ferveur et la poésie prégnante.

L'œuvre de , plus moderne car plus récente, se présente plutôt comme un hymne presque païen à la Nature, transversal et en cela opposé à la verticalité lisztienne, y vantant tour à tour la beauté du soir, la tristesse d'un matin, la poésie d'un jardin. Tous éléments, comme autant d'occasions de faire valoir couleurs, ambiances, magie des timbres dans une polyphonie claire, assez descriptive, qui trouve son acmé dans le célèbre diptyque appariant le sautillant D'un matin de printemps et le nostalgique et plus tendu D'un soir triste magistralement interprété par au piano, Thierry Durand à la flûte et au violoncelle. Une œuvre gravement gaie qui en dit long sur la résignation face à la maladie de la jeune compositrice disparue à l'âge de 25 ans…

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