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Retour à Béthulie, pour la version de référence de l’oratorio de Mozart

Distribution de choix pour un des rares oratorios de Mozart. On aurait tort de se priver de cette aubaine.

À l'heure où les fanatismes religieux prennent de nouvelles formes, on retournera avec intérêt à l'œuvre de Mozart et de Métastase. Le livret, d'une grande beauté poétique, y traite avec intelligence et finesse des diverses modalités de la foi : fanatismes, compromissions et tolérance y sont abordés sans ambages. On reste subjugué par la puissance rhétorique d'un texte qui, bien que fidèle à la convention, reste un modèle du genre. Sur le plan musical, on ne cessera de s'étonner des audaces de ce gamin de quinze ans qui, tout en suivant lui aussi les voies de la tradition, trouve un discours fort et novateur. Les échos très Sturm and Drang de l'ouverture, les airs avec chœur rivalisent avec des arias da capo à la charpente certes plus convenue. La force dramatique de cet ouvrage plus narratif que théâtral ne fait décidément aucun doute.

À la tête de ses Talens Lyriques, montre qu'il est passé, ces dernières années, par la case romantique et préromantique. Sa direction à la fois souple et nerveuse est un régal pour l'oreille, et le chœur confirme qu'il compte parmi les meilleurs ensembles vocaux du moment. La distribution, composée à parts égales de valeurs sûres et de nouvelles recrues, ne compte aucun maillon faible. On réentend ainsi avec plaisir la basse argentine , pour un portrait très convaincant d'un des deux personnages véritablement dramatiques de l'ouvrage, l'Assyrien Achior converti in fine au christianisme. , en Giuditta, confirme elle aussi les belles qualités que nous lui connaissons : un timbre rond, chaud et cuivré de vrai contralto, assorti à une réelle capacité à vocaliser. Pas de surprises chez les deux sopranos, la fraîcheur cristalline et juvénile d' complétant à merveille la déclamation péremptoire et l'agilité toujours aussi éloquente de . Dans le rôle écrasant du gouverneur Ozia, le ténor sera une révélation pour la beauté souveraine du timbre et l'aisance de la vocalisation. Sans doute pourra-t-il encore améliorer la coloration de la voix, pour devenir plus tard l'un de nos plus grands ténors mozartiens. Affaire à suivre.

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