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Un divertissement royal inédit par l’ensemble Marguerite Louise

Sous la direction avisée de , l' maîtrise son sujet par une lecture naturelle et une aisance esthétique qui charment l'oreille.

Il est plus aisé de s'appuyer sur des légendes lorsqu'un enregistrement est consacré à des ouvrages peu connus du grand public, telle cette première intégrale au disque des intermèdes instrumentaux de l'opéra George Dandin. En la personne de Marguerite Louise tout d'abord, l'ensemble de choisit le nom d'une grande figure vocale de la musique sacrée à la cour de Versailles, l'une des premières femmes à chanter à la tribune de . Lully et ensuite, concernant les œuvres présentées, avec une mise en avant plus prononcée de leur comédie mise en musique, George Dandin ou le mari confondu. Le portrait de l'homme de théâtre figure même sur la pochette, laissant penser que La Grotte de Versailles, première collaboration Lully-Quinault, ne serait qu'un préambule à .

Cet « Églogue de Versailles » se compose pourtant de belles pages, et George Dandin ne saurait lui faire ombrage. Cette mise en musique instrumentale d'une trentaine de minutes de la grotte artificielle édifiée dans les jardins du château en 1664 et qui laissera place vingt ans après au salon et au vestibule de la chapelle sur l'aile nord du palais, détient la séduisante plainte d'Iris pourvue des caractéristiques du chant du Grand Siècle. Qualifiée à la fois de divertissement pastoral et de ballet de cour par un Thomas Leconte bien inspiré dans sa notice de présentation, la musique d'une agréable fraîcheur, ravit par la douceur de ses flûtes, la résolution de ses trompettes, accompagnés par les chants d'oiseaux de la percussionniste qui avait évoqué avec nous les spécificités de son travail dans l'univers de la musique baroque. La démarche historiquement informée, autant dans le style de l'époque que par l'emploi d'instruments anciens, justifie la volonté de de se rapprocher au plus près de la version originale de 1667 ou 1668 grâce à une recherche musicologique approfondie.

Même si seuls les intermèdes de Lully sont ici exécutés, le lien entre théâtre et musique dans George Dandin paraît un peu tenu lorsqu'on se penche sur la comédie de . Mais comptons de nouveau sur l'auteur du texte explicatif de ce disque pour attester de la matérialisation de cette collaboration à travers le personnage principal qui relie la pièce avec les différentes scènes de la pastorale par un jeu muet, selon Thomas Leconte. Pour s'en assurer, et si tout va bien (!), chacun pourra le confirmer en mars prochain, l'œuvre mise en scène par faisant partie de la programmation musicale versaillaise de cette saison. Le raffinement du compositeur est agréable même si l'inspiration du maître ne paraît pas si féconde dans ce Dandin, et cela malgré le succès rencontré à sa création lors du Grand Divertissement royal du 18 juillet 1668.

Enregistrée dans les salles des croisades du château royal, cette approche musicale ravive admirablement les couleurs de l'instrumentation choisie, chaque soliste brillant avec beaucoup d'éclat. Dynamique et gracieuse, la direction de ces deux ouvrages fait revivre à merveille l'aura d'un Roi, tant sur un plan politique par de nombreuses conquêtes et victoires, que sur un plan artistique par ses divertissements royaux.

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