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Début d’une intégrale Bruckner par Thielemann à Vienne

La perspective du bicentenaire de la naissance de Bruckner en 2024 amène à entreprendre une nouvelle intégrale des neuf symphonies avec les admirables Wiener Phiharmoniker. La première étape, cette grandiose Symphonie n° 8 enregistrée au Musikverein laisse espérer un cycle appelé à faire date.

Les symphonies de Bruckner occupent désormais une place prépondérante dans le répertoire de . Le chef allemand avait projeté d'en enregistrer l'intégrale lorsqu'il était titulaire de la Philharmonie de Munich. Son départ précipité ne laisse derrière lui que la n° 5 (DG) et les n°4 et n° 7 réunies sur un seul DVD (C Major). Depuis sa nomination à la Staatskapelle de Dresde, il a repris l'ouvrage et gravé les neuf symphonies en DVD (C major à nouveau), tandis qu'en parallèle paraissaient les n° 4, n° 7 et n° 8 en audio (Profil Hänssler) ; enfin le somptueux coffret Bruckner de l'orchestre philharmonique de Berlin culminait dans son anthologique n° 7 (Berliner Philharmoniker).

Aujourd'hui c'est pour Sony qu'il annonce le projet de graver à nouveau les neuf symphonies, cette fois avec l'orchestre-roi par excellence, les Wiener Philharmoniker. L'objectif est de disposer d'un cycle complet pour 2024 année du bicentenaire de la naissance du maître de Saint Florian. Espérons que les circonstances adverses dues à la pandémie permettront aux musiciens de mener à bien leur ambition car il s'agira, aussi surprenant que cela puisse paraître, du premier enregistrement des neuf symphonies par les Viennois sous la baguette d'un seul chef. Ce premier volume confirme la formidable osmose entre l'orchestre et Thielemann auquel, comme jadis avec Knappertsbusch, les musiciens viennois se donnent avec une énergie et une confiance totales. Le résultat est évidemment grandiose, la chaleur et la splendeur inimitable des timbres viennois répondant à la battue stricte mais désormais assouplie avec le temps de Thielemann. Les tempos du maestro allemand sont plus vifs que lors de ses premières exécutions brucknériennes, notamment lorsqu'il avait dirigé cette même symphonie au théâtre des Champs Elysées en mars 2007, de près de dix minutes de moins au total. C'est d'ailleurs le seul reproche que l'on peut faire à cette gravure dont l'immense adagio est pris dans un tempo à notre sens trop vif pour lui laisser se déployer toute sa splendeur et son recueillement (d'autant que Thielemann opte cette fois pour l'édition Haas, légèrement plus développée dans les deux derniers mouvements que celle de Nowak) ; sur ce seul mouvement, Thielemann a accéléré de cinq minutes, ce qui, au delà du seul minutage (en soi anecdotique) trahit tout de même une relative précipitation par rapport aux grandes versions de Jochum à Hambourg, Giulini à Vienne ou évidemment Celibidache à Munich . C'est la seule réserve vis à vis de ce disque qui culmine dans un finale d'une grandeur impressionnante couronné par une coda dont la lisibilité n'a d'égale que la puissance. Espérons donc la poursuite de cette ambitieuse entreprise afin de disposer à temps des neuf symphonies.

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