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Un programme « tout Schumann » pour Lars Vogt et l’Orchestre de chambre de Paris

Dirigeant du piano, à la tête de l', nous convie à un programme éminemment romantique totalement dédié à , associant le célèbre Concerto pour piano et la douloureuse Symphonie n° 2.

On connait l'attachement particulier de pour le Concerto pour piano de Schumann avec lequel il remporta le concours de Leeds en 1990, lui ouvrant dès lors les portes de la brillante carrière de pianiste international que l'on sait. On connait peut-être moins sa vocation plus tardive de chef d'orchestre qui l'amena à la direction musicale de l' depuis juillet 2020 : superbe occasion, ce soir, de faire montre des deux facettes d'un talent musical éclectique.

Le Concerto pour piano (1845) ouvre la soirée. Bâti à partir de la Fantaisie pour piano et orchestre (1841) le premier mouvement est entamé par la cantilène du hautbois, donnant immédiatement le ton de ce poème musical où piano et orchestre s'accordent dans un dialogue transparent. nous en livre une lecture pleine de verve, tendue, menée sur un tempo assez rapide. Le toucher est nerveux, le phrasé un peu raide, manquant sans doute d'un brin de poésie, soutenu par une complicité palpable avec (violon solo) et une symbiose totale avec l'orchestre où l'on remarque immédiatement la qualité de la petite harmonie et tout particulièrement Florent Pujuila à la clarinette. L'Intermezzo est le seul mouvement où le fougueux Florestan fait quelques concessions au mélancolique Eusebius dans une romance délicate où le piano tout en retenue mêle ses notes égrenées au chant des superbes violoncelles. Le Finale aux accents beethovéniens retrouve un piano orchestral, conquérant et virtuose dans une joute serrée avec l'orchestre où le pianiste peut faire valoir toute son éloquence, allègre, fluide et jubilatoire qui n'est pas sans rappeler en filigrane « L'empereur » du maitre de Bonn.

Quasiment contemporaine du Concerto pour piano, la Symphonie n° 2 (1846), née dans la douleur, dépeint un tout autre visage du compositeur qui ressent à cette époque les premiers assauts de la maladie dépressive qui l'emportera quelques années plus tard. Comme précédemment Lars Vogt au pupitre, nous en livre une version très rythmique, claire qui préfère sans nul doute la joie à la résignation. L'Allegro initial débute sur une sonnerie de cuivres, solennelle et quasi religieuse, suivie d'une montée en puissance vibrante et contrastée, fiévreuse, chargée d'urgence recrutant tous les pupitres. Le Scherzo virevoltant du genre « perpetuum mobile » fait la part belle aux cordes dont on admire la précision des attaques. Seul l'Adagio laisse sourdre un climat plus mélancolique où l'on apprécie tout particulièrement le lyrisme des cordes et la profondeur d'intonation, sans aucune mièvrerie. Le Finale triomphal, impétueux, péremptoire et engagé met en avant la cohésion parfaite de la phalange parisienne dans une belle progression scandée par les timbales, annonçant la victoire finale sur la maladie et l'allégresse de la sérénité retrouvée.

Crédit photographique : Lars Vogt © Jean-Baptiste Pellerin

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