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Les débuts de Karina Canellakis au Festival de Saint-Denis

Pour ses débuts au festival de Saint-Denis, peine à maitriser totalement l'acoustique particulière, très réverbérante, de la Basilique cathédrale, desservant un programme totalement germanique convoquant Wagner, Brahms et Strauss avec en soliste.

Erreur de jeunesse et inexpérience probables, la cheffe Karina Cannellakis échoue à adapter sa direction d'orchestre aux exigences acoustiques de la grande nef de la Basilique de Saint-Denis. En dirigeant de la même manière que dans une grande salle symphonique, elle nous fournit, ce soir, une prestation le plus souvent saturée, opaque et confuse, ponctuée toutefois de quelques beaux moments, comme le choral inaugural (cor, clarinette et basson) de l'Ouverture de Tannhäuser qui sonne superbement sous les voûtes gothiques, empreint d'une émouvante solennité, renforcé par le magnifique legato du pupitre de violoncelles de l'. Les grandes vagues orchestrales, bien nuancées, emportent l'adhésion tandis que la mise en place se fait, hélas, de plus en plus précaire et la texture plus opaque dans la progression du crescendo qui apparait rapidement manquer de cohérence, de tension et de clarté. Une interprétation plus chambriste et plus sensuelle eût été sans doute mieux adaptée aux conditions locales.

Les Quatre derniers Lieder de chantés par , qui fait pour l'occasion également ses débuts à Saint-Denis, héritent des mêmes critiques avec un accompagnement orchestral exempt de charme, de poésie et de délicatesse, souvent déséquilibré, couvrant en partie la voix pourtant puissante de la soprano finlandaise. Straussienne reconnue entre toutes comme en témoigne son récent récital à Berlin consacré au même compositeur, avec les Berliner Phiharmoniker sous la baguette de Christian Thielemann, pâtit tout particulièrement de la surcharge orchestrale dans les deux premiers lieder où elle ne parvient pas à faire valoir toute sa richesse vocale. Les ciselures de l'orchestration straussienne et les contrechants paraissent difficilement audibles, noyés dans une masse orchestrale opaque, excessivement roborative. Seuls Beim Schlafengehen et Im Abendrot retrouvent un certain équilibre où peut s'exprimer enfin le sublime legato de la soliste, exalté par le violon solo de .

La Symphonie n° 4 de Brahms n'est pas mieux traitée. De cette œuvre de la maturité, qualifiée de « symphonie d'automne », oscillant entre passion et résignation douloureuse, ne semble retenir que les brumes hanséatiques brahmsiennes. elle échoue une fois encore à faire ressortir toutes les couleurs de la partition, nous servant une interprétation dynamique et engagée certes, mais assez monomorphe et sans saveur ; le premier mouvement Allegro non troppo parait rustique à l'excès ; le second Andante est assurément le mieux réussi, empreint de poésie, de langueur et de fureur contenue avec de remarquables performances solistiques (cor, petite harmonie, cordes) ; le troisième Allegro giocoso est contre toute attente dépourvu de grâce et d'une lourdeur accablante, tandis que l'Allegro final développe une bonne énergie et un sentiment d'attente bien rendu, avec une belle intervention de la flûte précédant une coda puissante.

Crédit photographique : © Alexandre Ean/ Festival de Saint-Denis

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