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Isabelle Faust, Sol Gabetta et Bertrand Chamayou à Prades

Au Festival Pablo Casals, un trio de stars pour deux œuvres romantiques emblématiques : Le Trio pour piano et cordes n° 1 de et le Trio pour piano et cordes n° 2 de .

Deux compositeurs contemporains l'un de l'autre tous deux morts prématurément, deux compositions romantiques phares occupant une place de choix dans le panthéon schumannien : voilà qui constitue une belle affiche. Que ce programme soit interprété par d'éminents solistes qui jouent ensemble pour la première fois : voilà qui pique encore notre intérêt. Et on se plait à rêver d'un nouveau « Million Dollar Trio » (Jasha Heifetz, Gregor Piatigorsky, Arthur Rubinstein)…

Tout empreint du plaisir de jouer ensemble, parfaitement équilibré et impeccablement mis en place, le Trio op. 49 (1839) de Mendelssohn donne le ton avec un premier mouvement Allegro dominé par les cordes, tandis que le piano apporte un soutien aussi discret qu'efficace. On est d'emblée séduit par la grande houle de cordes où le legato du violoncelle de le dispute à la délicatesse du violon d' dans un dialogue engagé et complice. Plus méditatif, l'Andante est introduit par le piano confident de auquel répondent la sonorité éthérée du violon et la profondeur d'intonation du violoncelle. D'une virtuosité sans faille et très rythmique, le Scherzo se développe dans une polyphonie limpide avant que le Finale ne regroupe piano et cordes dans une péroraison flamboyante.

Plus lourd de menaces, le Trio op. 100 de Schubert fut composé en 1827 par un compositeur malade. Débuté à l'unisson, l'Allegro initial alterne ombre et lumière, fougue et mélancolie dans une ambiance typiquement schubertienne dont l'agogique fluctuante majore l'expressivité (apparition retardée du thème principal). L'Andante s'organise autour du célèbre thème magnifiquement énoncé par dans un véritable lamento, avant que le ton ne se durcisse sous les attaques tranchantes d', précédant une conclusion glaçante sur des pizzicati en suspens des cordes. Jubilatoire et dansant, mais résigné, le Scherzo énoncé en canon précède un fabuleux Finale où réapparaît en contrepoint le fameux thème de l'Andante, attestant d'une construction cyclique aux dimensions inégalées dans un ultime combat contre la fatalité.

En bis, le mouvement lent du Trio n° 4 opus 11 de Beethoven conclut cette superbe interprétation sur une note douce-amère chargée d'émotion.

Crédits photographiques : © Patrice Imbaud

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