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Il Corsaro de Verdi sur instruments anciens

À la tête d'une distribution jeune mais prometteuse, et donnent couleurs et énergie à une partition peu connue du jeune Verdi.

Les versions discographiques du Corsaro de Verdi ne sont pas légion, c'est le moins qu'on puisse dire. Difficile, il est vrai, d'égaler les fastes vocaux de l'ancienne version Philips dirigée au milieu des années 1970 par Lamberto Gardelli. José Carreras, Montserrat Caballé, Jessye Norman et Gian Piero Mastromei y rivalisaient de beauté sonore et d'engagement dramatique, rachetant par leur belle prestation un ouvrage dont on a un peu trop dit que c'était un parfait ratage. Cela, les deux versions aujourd'hui en lice le démentent avec conviction.

Les atouts de la version Biondi ne seront donc pas apportés par les solistes, même si l'on peut se féliciter d'un plateau tout à fait honorable. Le ténor Matheus Pompeu est ainsi doté d'un timbre plutôt délicat, au satiné presque mozartien, ce qui ne messied pas à cet emploi du jeune Verdi encore belcantiste. Sa partenaire, la soprano Karen Gardeazabal, joue surtout la carte de la caractérisation, tout en faisant valoir une vocalité pleine de promesses. Son instrument paraît en tout cas de meilleure qualité que celui de la seconda donna Medora, rôle confié à la soprano . Cette dernière dispose néanmoins de beaux aigus, dont elle se montre particulièrement généreuse. Le baryton est quant à lui assez routinier, même si son chant n'affiche pas de défauts particuliers.

On aura compris que c'est la présence de l'ensemble , dirigé par son chef attitré , qui fait tout le prix de cette réalisation. Non pas parce que les sonorités des instruments d'époque nous permettent de nous faire une idée plus exacte de la manière dont devait sonner un orchestre d'opéra dans les années 1840, mais parce que la fougue, la vitalité et toute l'architecture sonore fournies par Biondi sont du meilleur effet dans un opéra certes imparfait, mais que nous lisons comme un fidèle reflet des considérations esthétiques et idéologiques de son époque. On comprend tout l'intérêt que Verdi avait trouvé dans l'adaptation du grand poème de Byron.

Voici en tout cas une réalisation qui satisfera à la fois les curieux avides de découvertes, et les inconditionnels de Verdi.

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