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L’Opéra de Rome rouvre ses portes avec Giovanna d’Arco

Après un an et demi de fermeture, le Teatro dell'Opera de Rome rouvre ses portes  redonnant, pour la première fois depuis 1972, la Giovanna d'Arco de dans une nouvelle production.

a travaillé en un temps record, puisque l'Aida, initialement prévue, a été reportée à 2023, pour faciliter la préparation de Giulio Cesare de Giorgio Battistelli, mis en scène par Rober Carsen, qui ouvre le 20 novembre la nouvelle saison. melange avec élégance abstraction et simplicité, reprenant des éléments déjà utilisés à l'Opéra de de Valence et proposés l'été dernier pour la mise en scène de CoeforeEumenidi d'Eschyle au Théâtre grec de Syracuse. Une scène unique, plongée dans le noir, est formée d'une série de cercles concentriques où s'agitent les anges et des démons, les rois et les soldats. Dans le fond, suspendue dans le vide, une sphère en rotation projette les vidéos réalisés par D-Wok , avec les images d'un papillon battant des ailes, des lys d'or léchés par les flammes, la couronne de France qui se dissout, les arbres d'une forêt, une rosace médiévale, le visage du Christ Pantocrator en premier plan, tandis qu'au début et à la fin se superposent des phrases tirées des écrits de la Pucelle d'Orléans.

La renommée de Giovanna d'Arco a toujours fait polémique. C'est l'un des cinq opéras composés par Verdi pendant ses années de « travaux forcés », dues à la pluie de commandes reçues des principaux théâtres italiens, mis en scène au Teatro alla Scala le 18 février 1845, trois mois après la dernière représentation du « Due Foscari » à l'Argentina de Rome. Verdi tenait cet opéra en grande estime puisqu'il télégraphia à son ami librettiste Francesco Maria Piave : « C'est la meilleure de mes œuvres, sans exception et sans aucun doute ». Propos sans doute un peu exagéré selon certains avis de musicologues ne voyant en lui qu'un « champion du non-sens romantique ».

En effet, si l'opéra de Verdi reprend la tragédie de Friedrich Schiller, en réduisant les personnages de 25 à 5, dont trois principaux, il introduit aussi beaucoup d'incohérences. Malgré ces failles, en misant sur la dimension mystique et sur le contraste intérieur entre le sacré et le profane, plutôt que sur le côté Risorgimento de la patrie blessée, envahie par les étrangers, en créant des mouvements scéniques luxuriants, même au prix, au moment du Sacre, de rassemblements incongrus d'évêques dotés de mitre et au visage voilé de noir, la mise en scène de Livermore parvient à convaincre, confortée par la direction magistrale de et la chorégraphie de , expliquant le succès obtenu auprès du public du Teatro Costanzi.

Malgré une présence scénique timide, les débuts de (rôle-titre) de soprano dramatique sont convaincants, parfois jusqu'à l'émotion, comme par exemple dans la cavatine « Sempre all'alba » du premier acte. La performance du baryton (Giacomo) protagoniste et moteur de toute la dramaturgie, est magistrale, tout comme l'excellente prestation du ténor (Carlo VII).

, qui a débuté comme chef d'orchestre à l'âge de 22 ans par cet opéra et l'a dirigé à Covent Garden dans les années 1990, conduit l'Orchestre de l'Opéra de Rome avec son habituelle maîtrise. Grâce au minutieux travail de recherche, il restitue toutes les gammes infinies d'une partition qui mêle constamment la dimension démoniaque, pastorale et guerrière de l'héroïne nationale française.

Crédits photographiques : © Fabrizio Sansoni / Teatro dell'Opera di Roma

 

 

 

 

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