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Double programme pour Maud Le Pladec à Orléans

Dans le cadre du Portrait Ballet au Théâtre d'Orléans, , la directrice du Centre chorégraphique national d'Orléans, propose un double programme composé de Static Shot, conçu pendant les confinements pour le et de Counting stars with you (musiques femmes) sa nouvelle pièce créée l'été dernier à Montpellier danse. Un condensé du monde moderne.

Static Shot a été conçu par pendant le premier confinement, répété et capté en vidéo avec les danseurs du CCN – Ballet de Lorraine pendant les confinements suivants. La première mondiale de ce ballet sonne donc comme un exutoire pour ces jeunes interprètes et signe l'avènement d'une nouvelle esthétique chorégraphique. Sur le rythme lancinant de la musique électronique, signée et , les danseurs défilent comme sur un catwalk, ce podium ultra léché des fashion weeks. Mix entre tenues de sport et bodys chair brodés de strass, les costumes extravagants et colorés de Koché permettent d'individualiser chaque danseur dans un ensemble qui fonctionne au quasi unisson. La chorégraphie réglée pour ces jeunes danseurs par est souple, rythmée, sportive et très écrite. N'ayant pu « caster » les danseurs du , puisqu'ils forment une troupe à prendre dans son entièreté, Maud Le Pladec réussi grâce à cette esthétique empruntant au voguing, à la house et aux danses urbaines (krump) à insuffler de la fluidité de genre et du queer dans la danse contemporaine. Comme un gigantesque Ball de voguing, ces rassemblements festifs où les danseurs rivalisent de virtuosité, c'est tonique, efficace, implacable et cela repose uniquement sur la danse. On y retrouve l'énergie exceptionnelle déployée par les danseurs du Ballet national de Marseille dans Room with a view.


Même chorégraphe et même costumière, mais un projet totalement différent pour counting stars with you (musiques femmes), un hommage aux femmes compositrices, celles que l'histoire de la musique a quelque peu oublié. Un acte militant pour la chorégraphe qui explore régulièrement des courants musicaux ou des compositeurs méconnus. Cette deuxième partie de soirée s'appuie sur une partition s'inspirant des œuvres de très grands noms comme ou Giovanna Marini, chantée par quatre danseuses et deux danseurs équipés de petits micros HF. Dans la production musicale, le vocodeur permet de faire le lien entre le chant des femmes d'Italie, Hildegarde de Bingen et les hip-hopeuses américaines. Les costumes en cuir seconde peau signé Koché, très années 80, sont aussi le signe d'un empowerment féminin. La danse s'efface au profit du remarquable travail polyphonique vocal des danseurs et il s'agit parfois plus d'une mise en scène vocale que d'une chorégraphie. La dernière partie, ultra tonique et rythmée, propose cependant une séquence de danse pure très physique sur des lumières stroboscopiques d'Éric Soyer, également créateur des lumières d'Angelin Preljocaj. Avant de laisser à nouveau la place aux rythmiques vocales qui transforment le spectacle en un concert de rock basé sur le cri, le halètement, la respiration. Ces danseurs-chanteurs nous offrent une performance bluffante et d'une grande modernité.

Crédits photographiques : © Laurent Philippe

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