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À la découverte de Pierre Guédron, musicien de Louis XIII

Dans un programme intitulé « Airs sérieux et à boire », nous font entendre la musique jouée à la cour de . Recueillement, humour et émotion jalonnent une soirée marquée de sceau de l'originalité et de la découverte.


Avec ce programme majoritairement consacré aux airs de cour de , surintendant de la musique de Chambre du roi sous les règnes de Henri IV et de , et poursuivent le passionnant voyage à travers le baroque français entrepris il y a de nombreuses années. Quatre chanteurs et sept instrumentistes font ainsi découvrir à un public fourni des pages raffinées au style savamment contrasté, qui alternent des pièces pour soliste avec des morceaux conçus pour ensemble vocal. Les déplacements des chanteurs, disposés devant, derrière ou à côté des musiciens selon la nature des airs interprétés, contribuent à souligner la variété des pièces réunies au programme. La deuxième partie introduit encore davantage de diversité grâce à l'exécution de suites de danses, imprimées au seizième siècle par l'éditeur de musique Pierre Attaingnant.

Intitulé « Airs sérieux et à boire », le programme aurait sans doute pu aussi s'appeler « Airs sérieux et coquins », tant le public aura perçu les sous-entendus grivois d'un air comme « À Paris sur le petit pont », un festival de rhétorique verbale et musicale que les interprètes ont su, avec finesse et sobriété, mettre en exergue. Le contenu cru et explicite d'une pièce comme « Si c'est pour mon pucelage » renvoie aux codes culturels d'une époque moins pudibonde que les siècles qui lui ont suivi. Le programme, on l'aura compris, décline d'une pièce à l'autre les aspects les plus divers de l'état amoureux, des excès de douleur suscités par l'éloignement aux paroxysmes des enthousiasmes et des emportements.

On savait qu'avec on aurait droit à une interprétation magistrale de pièces qui ne demandent qu'à être davantage connues. On saurait difficilement égaler, en effet, la sobriété et la discrétion du clavecin de . Aux côtés du maître, les jeux de luth de Thomas Dunford et de Claire Antonini complètent harmonieusement la douceur et la volupté de ces si tendres sonorités. Sur la gauche, le quatuor de violes de gambe apporte sa contribution à ce délicat bouquet de couleurs musicales. Que du bonheur également du côté des chanteurs, avec tout d'abord une particulièrement présente dans les ensembles, et toujours idéalement expressive dans ses soli, « Quel excès de douleur » et « Ô Dieux, quel est le sort dont je suis poursuivie ». Les trois voix masculines, elles aussi, enchantent. charme par la délicatesse de ses phrasés et la clarté de sa diction, par son engagement et par les couleurs tellement reconnaissables de son timbre. , dans son solo « Si le parler et le silence », touche quant à lui par la simplicité de son chant et la sincérité de ses accents. De ce concert, on retiendra surtout l'amicale complicité d'un ensemble de grands professionnels qui savent rendre accessibles les musiques savantes et raffinées d'une époque dont nous n'avons plus tous les codes.


Crédit photographique : © Oscar Ortega

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