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Lionel Sow quitte le Chœur de l’Orchestre de Paris avec Brahms et Harding

Le dernier concert de l'année pour l' devait laisser le rôle principal au violoniste star ; il met finalement en avant le chef de chœur , à la tête du Chœur de l' depuis dix ans et récemment nommé à la direction de celui de Radio France.


retrouve l'ensemble dont il a été trois ans directeur musical pour un programme légèrement modifié par rapport à la brochure de saison, puisque le Nachlied pour chœur mixte et orchestre de Schumann n'a pu être maintenu, à cause de nouvelles mesures sanitaires plus restrictives. C'est donc devant un intégralement masqué aux cordes, avec des vents espacés de près de deux mètres chacun, qu'entre le chef sur la grande scène de la Philharmonie de Paris.

Malgré l'espace, les équilibres sont bien maintenus pour le Concerto pour violon d', porté d'une beauté pure par l'archet de . Le violoniste aborde cette partition avec clarté et lyrisme, bien soutenu par la direction très anglaise du chef. Quelque peu fragmenté par cette lecture, le concerto expose un beau lyrisme à l'Andante, puis un Allegro molto développé tant par la cadence raffinée de Capuçon que par l'accompagnement des cordes, un instrumentiste par pupitre créant un léger trémolo en jouant de son instrument comme d'une guitare. Distrait aux saluts, enchaîne les allers-retours sans proposer de bis.

La seconde partie devait proposer des ouvrages pour chœurs et orchestre, mais le lied de Schumann a dû céder sa place au Siegfried-Idyll de Wagner. Joué avec tout l'orchestre, l'ouvrage écrit pour cadeau d'anniversaire à Cosima trouve dans cette interprétation autant de premiers violons qu'il faut normalement d'instrumentistes au total. A cet effectif surnuméraire s'ajoute la direction très étirée de , pour un rendu qui n'est pas sans rappeler les dernières années Karajan, lorsque celui-ci cherchait avec Berlin surtout la rondeur et l'épaisseur du son.

Heureusement, le chef retrouve avec le Schickaslied de Brahms une approche plus transparente, qui ramène à sa maîtrise des grandes œuvres chorales et aux belles heures de son mandat parisien, notamment The Dream of Gerontius d'Elgar et Szenen aus Goethes Faust de Schumann. Le Chant du Destin brahmsien n'est pas des plus joyeux, mais finalement bien adapté à un au revoir, seulement trois mois après le départ du premier violon de l'Orchestre de Paris Roland Daugareil, et à présent du chef du Chœur, .

Passé le lied de Brahms, Sow est invité sur scène et lui rend hommage par un discours dans lequel il rappelle comment l'artiste est apprécié de ses choristes, malgré ses très fortes exigences. Directeur depuis cette rentrée du Chór NFM de Wrocław, il remplacera surtout Martina Batič à la direction du meilleur chœur de concert français, celui de Radio France, dès septembre prochain. Alors, pour le remercier une dernière fois, un bis déjà inscrit sur un feuillet supplémentaire du programme de salle est proposé par tout le Chœur de l'Orchestre de Paris, non seulement le principal, mais aussi celui des enfants et des jeunes.

Spirituel plutôt qu'enjoué, le Geistliches Lied opus 30 de Brahms achève sur de doux Amen une décennie marquante pour la hausse de qualité de l'ensemble parisien, qu'on espère toujours aussi impactant dès la rentrée pour la cantate Alexander Nevski de Prokofiev.

Crédits photographiques : © Jean-Baptiste Millot / Orchestre de Paris

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