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La nouvelle jeunesse de Jean-Claude Gallotta au Rond-Point

, figure tutélaire de la danse contemporaine française, revient avec Le jour se rêve, un ballet nostalgique et facétieux, dont la musique est signée . L'énergie très rock du spectacle et l'engagement des danseurs qui l'entourent donnent au chorégraphe septuagénaire une nouvelle jeunesse !

Fondateur à la fin des années 70 du Groupe Émile Dubois, qui allait faire les beaux jours de la Maison de la culture de Grenoble, est l'une des figures de la nouvelle danse française des années 80 et 90. Sa tribu, comme il l'appelle alors, parcourt le monde avec Ulysse, Mammamme et Docteur Labus, les plus grands succès de la compagnie. Son style chorégraphique est reconnaissable entre tous, fait de sautillements, de petits bonds et de gestes vifs qui semblent arrêtés en plein vol.

Avec Le jour se rêve, son nouveau spectacle, revient sur ses premières années de danseur, quand il se rendit à New-York pour étudier auprès de et découvrir l'univers de la post-modern dance. L'hommage au grand chorégraphe américain est tendre et humoristique dans la première séquence du spectacle, où les danseurs vêtus des fameux académiques moulants se transforment en gang costumé de vestes noires et cagoules à visages humains.
On peut aussi considérer ce spectacle comme l'un des plus intimes du chorégraphe français, car il se livre comme rarement dans deux solos météorites. En noir, petit bonnet et lunettes fines, il ressuscite avec ses petits pas New York et les années . Égrenant les anecdotes ou récitant des poèmes dada, il est véritablement touchant. Dans le deuxième et dernier solo, il revient avec de longs gants noirs pour croiser la poésie de Goethe et le vocabulaire de la danse.

Première collaboration réussie avec

Le jour se rêve est aussi la première collaboration entre Jean-Claude Gallotta et le compositeur et musicien . On s'en étonne, tant les deux créateurs semblaient faits pour travailler ensemble. La rencontre a eu lieu il y a un an seulement et le résultat est à la hauteur des espérances que l'on pouvait y placer, avec de longues séquences intenses et électriques. Jean-Claude Gallotta n'en est pas à son premier spectacle musical. Sa forte culture rock imprègne la trilogie qu'il a consacré à ce genre musical : My Rock, My Ladies Rock puis l'Homme à la tête de chou, sur la musique de Serge Gainsbourg. Sans oublier Volver, le spectacle créé sur mesure pour la chanteuse Olivia Ruiz en 2016 à la Biennale de la danse de Lyon.
Entre l'esprit rock de la musique et l'ambiance disco des costumes en lycra métallisé de la troisième séquence, le spectacle dégage une énergie incroyable grâce à l'engagement et à la diversité de physiques et d'âges de la compagnie. Celle-ci ne se dément pas dans la dernière partie en sous-vêtements, toujours aussi sautillante et énergique. Le rythme et l'esthétique rock impulsent de la vitesse dans tous les mouvements et une gestuelle tellement répétitive qu'elle en devient presque gymnique. On est heureux de voir s'apaiser ce rythme frénétique et d'insuffler un peu plus de variété dans les motifs avec d'intéressants duos en fin de spectacle, très contrastés grâce à l'assemblage hétéroclite de danseurs de gabarits ou d'origines différents. Ils offrent une radicalité rafraîchissante et très bienvenue, que l'on aimerait voir se prolonger dans d'autres spectacles.

Crédits photographiques : © Guy Delahaye © Joseph Caprio

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