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Lise Davidsen, nouvelle Ariane au MET

Cette nouvelle production d'Ariane à Naxos de au MET, qui reprend l'ancienne mise en scène d' confirme avec éclat la soprano dans le rôle-titre.

Ariane figure au répertoire de depuis 2018, une prise de rôle remarquée au festival d'Aix-en-Provence dans la mise en scène de Katy Mitchell. Straussienne reconnue par la qualité impressionnante de son chant alliant puissance et souplesse qui la situe dans les traces de Kirsten Flagstad, elle s'affirme aujourd'hui comme une titulaire indiscutable du rôle, figure emblématique de la soprano rêvée par Strauss, à mi-chemin entre la grâce mozartienne et l'endurance wagnérienne.

S'il constitue une sorte de pastiche de l'opéra avec ses personnages bien typés, il faut bien reconnaitre que le livret de Hofmannsthal, intriquant mythologie et Commedia dell' arte, n'offre pas beaucoup de pistes interprétatives originales et pertinentes au metteur en scène, en dehors de l'opposition opéra bouffe-opéra seria et de la classique mise en abyme du théâtre dans le théâtre. La mise ne scène d', datant de 1993, n'échappe pas à la règle, bien conçue, proprette et sans surprise, elle se limite à une lecture au premier degré respectueuse du livret, servie par de somptueux costumes et une scénographie bien pensée.

Le Prologue situe l'action, sans transposition temporelle au XVIIIᵉ siècle, dans les coulisses d'un riche palais viennois où s'affairent dans une agitation superbement réglée les deux troupes de théâtre invitées, chargées in fine, de concevoir un spectacle en commun ; l'Opéra , a contrario, centre son discours autour d'Ariane éplorée, abandonnée par Thésée sur son ile déserte, stylisée et très colorée mais assez kitsch (façon La Petite Sirène de Walt Disney) isolée dans un mutisme qui sera bientôt troublé par l'irruption de Zerbinette et de sa troupe italienne, incapables malgré leurs facéties de rendre Ariane à la vie…Un mutisme et un désir de mort dont l'héroïne ne sera délivrée que par l'arrivée impromptue de Bacchus annoncé par les Naïades.

Dans la fosse assure avec maestria le télescopage de ces deux univers différents, menant la phalange new-yorkaise avec la rigueur et la souplesse nécessaires au post romantisme allemand : beauté de la sonorité orchestrale, transparence de la texture, onctuosité et souplesse du phrasé, tempi judicieux, performances solistiques éclatantes et équilibre avec les chanteurs sont les constants atouts d'une direction irréprochable et complice.

La distribution vocale homogène se révèle de haute tenue. s'affiche assurément comme une nouvelle Ariane de référence par la rondeur du timbre, l'ampleur de la projection, l'étendue de l'ambitus et la souplesse de la ligne. campe une Zerbinette pimpante assumant crânement les vocalises les plus périlleuses, sans entamer une prestation scénique chargée d'humour, d'humanité et d'empathie notamment dans ses duos (avec le compositeur ou Ariane). Le Compositeur d' séduit par l'élégance de son chant comme par sa présence scénique. est un beau Bacchus par la virilité de son timbre et l'autorité de sa stature. Les trois Naïades (Deanna Breiwick, Tamara Mumford et Maureen McKay) aux timbres joliment appariés offre un beau moment de douceur et de poésie, perchées sur des robes gigantesques spectaculaires. Le Majordome (Wolfgang Brenel) et l'Arlequin (Sean Michael Plumb) complètent cette distribution d'exception.

Après Jessye Norman titulaire du rôle en 1993 dans cette mise en scène, le Met vient de trouver en Lise Davidsen sa nouvelle étoile.

Crédit photographique : © Marty Sohl / Metropolitan Opera

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