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Bernard Richter dans un bel Idomeneo à Vienne

Rien n'est historique ni révolutionnaire dans cette soirée à l'Opéra de Vienne, mais tout est de qualité, et y est royal.

Le spectacle de est très lisible, faisant bien ressortir la dimension brutale du substrat mythologique de l'intrigue. Les prisonniers troyens sont suspendus dans les cintres, comme de la viande à consommer, et Ilia, prisonnière – donc esclave – doit faire face aux pulsions libidineuses du roi de Crète. On a droit à quelques figures rhétoriques, comme un jeu d'échec à taille presque humaine mettant en abyme les personnages à l'acte II, ou une statue de Neptune envahissant l'espace au III, mais cela n'est pas pesant et l'intrigue se déroule naturellement, fidèlement, sans dévoiement ni contre-sens. Pas de smoking ni de treillis : les costumes d'Anja Vang Kragh, de style à la fois antico-médiéval et science-fiction ne font que renforcer les racines mythologiques de l'intrigue. La fluidité du spectacle est aussi due au choix des ajouts et des coupures. Peu de ballet, pas d'air pour Arbace (dommage pour le très bon ténor Pavel Kolgatin), et restitution heureuse de l'air de concert KV 505 Chio mi scordi di te pour Idamante. L'ennui, le premier ennemi de l'opéra séria, ne survient jamais et il n'y a pas besoin pour cela de rajouter des sketchs ou des intrigues parallèles. Le livret de Giambattista Varesco et le génie musical de Mozart suffisent pour faire avancer le drame, captiver l'attention du spectateur et charmer son oreille.

Dans le rôle-titre, démontre une fois de plus un style et une musicalité superbes. La voix est dorée, solaire, brillamment projetée et le phrasé est exemplaire. Sa cavatine avec chœur du III Accogli, o re del mare est une merveille de beau chant. N'étaient les difficultés de l'air Fuor del mar, où il faut bien donner un peu de savon sur les vocalises, on dirait volontiers qu'il est un Idomeneo parfait. Les dames qui l'entourent ne sont pas loin de son niveau. particulièrement, incarne un Idamante sensible et ardent, de très grand style. L'Ilia de lui répond avec la tendresse et la dignité d'une grande princesse. trouve dans Elettra un emploi qui valorise à la fois sa vocalité valeureuse et son timbre râpeux, propres à exprimer les déchirements de ce personnage en souffrance. Les autres figures sont de bon niveau, et le chœur est excellent, puisque nous sommes à Vienne. L'orchestre de l'Opéra de Vienne, lui aussi dans une forme exemplaire, déploie toutes les splendeurs de la partition, mais aussi toutes les tensions dramatiques, sous la battue large et souple de .

Une excellente production, très classique mais surtout très fidèle. Voilà un DVD de bon aloi pour découvrir ou retrouver l'Idemeneo de Mozart, qui fera bonne figure dans les salons de nos familles ou les CDI de nos collèges.

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