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Rossini dans toute sa vitalité avec Florian Sempey

Rossini a peu écrit pour voix de baryton, l'air du temps étant plus celui des mezzos en travesti, héritage direct des castrats. Mis à part Guillaume Tell, qui procède d'un autre esthétique, il n'y a que dans l'opéra bouffe que le cygne de Pesaro a pu se concentrer sur les voix graves masculines. Mais quels personnages a-t-il dessinés ! Figaro, Dandini sont parmi ses plus belles réussites.

Quoiqu'il en soit, il était difficile de concocter tout un programme pour , Figaro le plus célèbre de sa génération, qui a promené son Barbier aux quatre coins du monde. Alors, après avoir pioché dans tout ce qu'il était possible, a-t-on rajouté des ouvertures, des chœurs et des duos avec des partenaires, mais des partenaires de luxe !

Bien entendu, se meut comme un poisson dans l'eau dans l'air d'entrée du Barbier de Séville, qui lui colle à la peau, au point qu'on peut penser qu'il se cantonne un peu trop dans le rôle. La photo de la pochette, qui nous le présente en une sorte d'ogre gourmand, illustre parfaitement le sentiment jouissif qui s'empare de nous – et de lui – à cette écoute. S'ensuit le duo Figaro/Rosina, avec rien moins que Karine Deshayes, comme toujours pleine de charme et pétillante en diable. Composé pour le théâtre San Moise de Venise, La scala di seta est une farce en un acte plutôt anodine, tant par le sujet que la musique, tout autant que L'occasione fa il ladro. Mais dans ces deux airs, démontre toutes ses qualités d'abattage et d'aisance dans le chant d'agilité. De façon surprenante, ce n'est pas la cavatine d'entrée de Dandini, qui rend hommage à la Cenerentola, mais le duo avec don Magnifico, huilé à la perfection, avec l'irréprochable Nahuel di Pierro.

L'ouverture du Barbier de Séville, par l'Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, sous la baguette de , est ébouriffante, tout comme celle de L'Italienne à Alger, fougueuse, festive. Le chef, comme le montre le dos de la couverture, ouvre une porte. De ce même ouvrage sont tirés un chœur, et un étourdissant duo avec Karine Deshayes. Le CD se clôture avec l'air de Raimbaud du Comte Ory. Même s'il est issu d'un opéra français, il provient à la base d'un opéra italien, Il viaggio a Reims, et on se demande, chaîne stéréo toujours en marche, si on n'aurait pas aimé que Florian Sempey, au lieu de se concentrer dans ce récital sur le registre bouffe et italien, ne nous offre aussi un extrait de Guillaume Tell, qui devrait lui convenir à la perfection. Alors qu'on s'interroge, sans avertissement et sans changement de plage, on entend soudain l'amusante et scatologique « chanson du bébé », extrait des Péchés de vieillesse. Quelle belle surprise !

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