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Tumulus : François Chaignaud et les Cris de Paris

Créé en mai à Annecy et de passage au Festival d'Avignon, Tumulus est le fruit d'une collaboration inédite entre le chorégraphe et le directeur de l'ensemble vocal , . Le spectacle sera repris à La Villette, à Paris, du 24 au 27 novembre.

Dans la pénombre, on distingue une grosse masse sombre émergeant du plateau. En Bretagne, comme dans toute l'aire celtique, les tumulus dissimulent les sépultures de rois et de nobles. Surgissant en pleine campagne, ils dominent le paysage ou se trouvent au croisement des chemins les plus fréquentés. C'est là qu'en creusant, on a trouvé des armes, de l'or et des trésors. et ont choisi ce magnifique symbole archéologique comme lieu et sujet de leur nouveau spectacle musical et chorégraphique.

Ils en rêvaient depuis longtemps : disposer d'un ensemble vocal pour chanter et mettre en scène ensemble un spectacle autour de polyphonies anciennes et contemporaines. Côté musique ancienne, le répertoire s'étend de , et son successeur au Dies Irae d', en passant par la Lullaby de . Côté musique contemporaine, c'est la Musik für das Ende de qui scande les interventions musicales des chanteurs-danseurs.

, chanteur et musicien lui-même, est plus que légitime à mettre en scène un tel projet musical. Romances Inciertos, une autre Orlando, acclamé ici même au Festival d'Avignon en 2017 est aussi un projet musical, avec Nino Laisné. Dans toutes ses créations et performances, la recherche musicologique et le travail sur le répertoire ancien sont présent, comme avec les monodies d'Hildegard von Bingen explorées avec la claveciniste Marie-Pierre Brébant en 2018. De leur côté, dirigé par est un des ensembles vocaux les plus originaux du moment et ses interprètes semblent être prêts à tout pour se couler dans l'univers fantasque du chorégraphe.

Longue procession de chevaliers Jedi en doudoune Moncler, ils font communauté, tournant comme pour accomplir un rituel autour d'un tumulus de pelouse rase et de lichen. Ils l'escaladent, s'y cachent, le descendent en glissant sur le dos, ils l'étreignent comme une personnalité vivante. Ils bougent et respirent au rythme de la musique, ne faisant qu'un seul corps autour de cette masse écrasante. Ils s'en amusent, aussi, jouant avec les costumes et les couvre-chefs comme autant de trophées.

La proposition musicale est tout aussi audacieuse et soutenue par des chanteurs de très haut niveau. Avec un diapason et quelques claves ou cloche discrètes, ils chantent a cappella des partitions difficiles en accomplissant une gestuelle à laquelle ils ne sont pas habitués. En les disposant dans l'espace, en dessinant pour eux des mouvements, tout en respectant l'atmosphère musicale de chaque séquence, Chaignaud les met en scène comme dans un opéra contemporain. C'est déroutant, mais c'est beau.

Crédits photographiques : © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

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