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La dernière messe de Schubert à Salzbourg par Franz Welser-Möst

Avec un orchestre trop peu présent et un chœur pléthorique mais peu convaincant, l'équilibre se fait difficilement.


La Grande messe D. 950 de Schubert pâtit de la place trop réduite qu'occupe la musique chorale dans la programmation des salles de concert – comme si, dès lors qu'on investit dans la présence d'un chœur, il n'y avait que la Neuvième Symphonie de Beethoven ou le Requiem de Verdi. Ce chef-d'œuvre sombre est pourtant bien de la même inspiration que tout ce qui sort de la plume de Schubert dans les derniers mois de sa vie, des dernières sonates au Voyage d'Hiver, et toute occasion de l'entendre est bonne à prendre. , habitué du Festival de Salzbourg, dirige ici non pas le Philharmonique de Vienne ou ses musiciens de Cleveland, mais un des orchestres salzbourgeois eux aussi associés au Festival, la , et le . Les chanteurs de ce chœur associé au Musikverein et invité régulier du festival, comme ceux de l'Orchestre de Paris, ne sont pas des professionnels, mais des amateurs passionnés. Avec un effectif très important pour la Haus für Mozart et pour l'orchestre, ils n'ont pas de difficultés à se faire entendre dans les passages qui demandent de la puissance, mais les choses sont plus difficiles quand il faut au contraire alléger et privilégier la transparence, comme dans le Kyrie initial : chanter piano ne dispense pas de projeter la voix.

Dans ces conditions, les problèmes d'équilibre entre chœur et orchestre se multiplient, en tout cas du milieu du parterre, d'autant plus que l'orchestre n'est pas particulièrement fourni. choisit des tempi plutôt rapides, parfois un peu trop (Benedictus), mais c'est surtout le manque de présence de l'orchestre qui interroge, dans une œuvre où il fait tout de même beaucoup plus qu'accompagner.

Pour compléter ce concert, les musiciens interprètent également les deux autres œuvres d'Église composés par Schubert dans ces dernières semaines de vie, et même si elles ne sont pas tout à fait au même niveau d'inspiration, elles permettent entre autres d'entendre un peu plus en détail les solistes, à commencer par le ténor dans loffertoire Intende voci : si habitué soit-il au Lied et à la musique baroque, sa voix manque ici de souplesse et d'expression, ce dont souffre aussi, à un moindre degré, sa principale intervention dans la Messe, le douloureux Et incarnatus est qui est un des moments les plus forts de toute l'œuvre religieux de Schubert. Les plus belles, trop courtes interventions de , un véritable luxe pour ces œuvres, sont au contraire beaucoup plus satisfaisantes ; à l'issue de ce court concert, elle fait part de l'étonnement que suscite la pratique ancrée à Salzbourg de n'offrir des bouquets qu'aux solistes féminines, particulièrement absurde ici : il serait grand temps que l'égalité des sexes et des genres arrivent jusqu'à la Salzach.

Crédits photographiques : © SF / Marco Borrelli

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