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Quarté gagnant pour une version des Contes d’Hoffmann venue de Hambourg

Dans une mise en scène traditionnelle mais efficace, , , et imposent leurs différents talents dans ces Contes d'Hoffmann sous la belle direction musicale de .

Cette nouvelle production des Contes d'Hoffmann avait marqué l'ouverture de la saison 2021-22 de l'Opéra de Hambourg, à une époque où l'Europe commençait tout doucement à sortir de la pandémie de Covid-19 démarrée début 2020. Le public de la salle, masqué et encore considérablement clairsemé, fait largement état de ce fait. Il en est de même de la répartition dans la salle des différents choristes, installés en partie sur la scène et en partie dans les loges d'avant-scène.

La mise en scène de s'inscrit dans une bonne tradition de lectures qui respectent les principaux enjeux dramaturgiques de l'œuvre, sans y apporter un regard véritablement nouveau. Tout au plus pourra-t-on noter la présence de quelques acrobates chargés d'incarner le double des principaux personnages. L'identification Nicklausse / La Muse est ainsi rendue explicite dès le début de l'opéra, de même que le parallèle assez évident entre Antonia et sa mère défunte. La présence du double d'Hoffmann, souvent montré en conversation avec Nicklausse autour d'un verre de bière, rappelle le principe structurel fondamental de la mise en récit des contes, tout en introduisant une certaine mise à distance de l'action représentée. L'artificialité voulue des déclarations enflammées d'Hoffmann et d'Antonia, que les personnages adressent non pas à eux-mêmes mais au public, renforce plus avant cet effet de distanciation.

C'est donc surtout pour ses qualités musicales que l'on retiendra cette proposition de la scène hambourgeoise. Outre une brochette de comprimarii parfaitement en place, de laquelle se détachent le mezzo pulpeux de Kristina Stamek – la Mère – et le ténor de caractère d', on notera la belle prestation vocale d', mezzo-soprano à l'aigu facile et à la diction particulièrement claire. , dans le rôle des quatre méchants, se distingue par l'intensité de son jeu et par la beauté intrinsèque de son baryton-basse, même si sa diction française laisse parfois à désirer. Dommage en tout cas que la version des Contes retenue par l'Opéra de Hambourg l'ait privé de « Scintille, diamant ». Sur le plan strictement vocal, est sans doute surtout équipée pour chanter le rôle d'Antonia, même si les notes les plus exposées dans l'aigu passent à la trappe. Elle est en tout cas une Olympia tout à fait correcte, dont elle s'acquitte avec professionnalisme, et elle se sort dignement de la tessiture plutôt inconfortable, du moins pour ses moyens, de la partie de Giulietta. Le concept de la mise en scène, en tout cas, bénéficie de la possibilité d'avoir la même chanteuse pour les quatre rôles féminins de l'opéra. Le triomphateur de la soirée reste sans conteste le ténor , dont on savoure chaque note et chaque geste. Très investi scéniquement dans un rôle qu'il habite du lever au tomber de rideau, il possède toute la fièvre romantique du poète idéaliste en prise avec la réalité. Son ténor relativement léger et haut-placé restitue au personnage toute la jeunesse dont d'autres incarnations l'ont autrefois privé. La beauté de sa diction fait de chacune de ses phrases un moment de pur bonheur.

Si le chœur, justement, pèche un peu par quelques inflexions peu idiomatiques tout en proposant avec précision un volume sonore riche et imposant, l'orchestre dirigé par avec force et énergie contribue grandement à la réussite globale d'un spectacle plus remarquable par sa qualité musicale que par l'originalité de sa proposition scénique. En somme, une restitution qui aurait convenu davantage au CD qu'au DVD.

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