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Symphonie n° 15 et Concerto pour alto de Pettersson par Christian Lindberg

s'approche de la fin de son intégrale de l'œuvre pour orchestre d' avec la Symphonie n° 15 et le Concerto pour alto, l'instrument du compositeur.

La Symphonie n° 15 est l'avant-dernière symphonie que Pettersson ait achevé (en 1978), le Concerto pour alto écrit en 1979 ayant été retrouvé deux ans après sa disparition, dans un état d'avancement suffisant pour être intégré au corpus du compositeur. Deux œuvres « d'approfondissement » pour des raisons différentes.

La Symphonie n° 15 contient tous les éléments les plus « petterssoniens », tourments, tensions, acmés et climax, mais ici plus qu'ailleurs Pettersson se fait allusif, rompt le discours, créée des suspensions, et l'œuvre exige plus de concentration de la part de l'auditeur pour tenir le fil et en extraire toute la substance. réalise la quadrature du cercle entre clarté instrumentale et tension, et s'inscrit en haut de la discographie, avant Peter Ruzicka avec le Deutsches Symphonie-Orchester Berlin en 1994, raffiné mais un peu pâle, et Leif Seigerstam, entier, engagé mais brut, avec le même orchestre de Norrköping (en 1995). Une belle symphonie assurément.

À l'instar du Concerto pour violon n° 2, dans son Concerto pour alto Pettersson n'héroïse pas le soliste par une mise en avant flatteuse dans un dialogue avec l'orchestre, et les deux pièces sont davantage des symphonies pour soliste. Sa veuve, dans un courrier à l'éditeur Sikorski, se réfère d'ailleurs à une symphonie pour alto. Dans cette forme de concerto l'individu n'est pas en dialogue avec son environnement mais il vit en son sein, tour à tour submergé par lui, s'opposant à lui, le survolant, et en harmonie aussi. Cette approche qui voit le soliste être un élément au sein de l'ensemble des musiciens peut poser des problèmes d'équilibre sur scène, avec un soliste qui peine à émerger de la masse orchestrale , et cela a d'ailleurs été le cas dans le concert donné par les mêmes interprètes deux mois avant l'enregistrement (article en anglais). Ce n'est pas le cas de cet enregistrement, où l'alto ressort distinctement. Cet enregistrement se place au-dessus de celui, pionnier, de Nobuko Imai avec l'orchestre de Mälmo dirigé par Lev Markiz (BIS), de bonne facture mais sans la cohérence et le relief que donne Lindberg. La qualité de l'interprétation de Lindberg et Nisbeth extrait le maximum de la composition, fait paradoxalement ressortir son inachèvement.

La Fantaisie pour alto seul est une courte pièce de 1936, une rareté qui ne dit pas grand chose du futur compositeur sinon son sérieux et son potentiel, impeccablement restitué par .

Revenons sur un jalon précédent de cette intégrale, le magistral Concerto pour violon n° 2 par Lindberg et , dont nous avions rendu compte (en anglais) dans un concert préparatoire par les mêmes interprètes en 2017. Contrairement aux précédents albums qui parvenaient à garder l'énergie du concert, ici le souci prime de restituer le maximum de clarté à l'instrumentation. Cela fait certes entendre le concerto avec une finesse quasi-chambriste comme on ne l'avait jamais entendu, et fait ressortir la qualité de l'écriture, mais cela se fait au détriment de la trame narrative. Or ce concerto est d'abord et avant tout un combat à l'image de la vie, où l'on passe d'une lutte épuisante avec rage et confusion, à la lumière et la sérénité, chèrement acquises. Mais n'est-ce pas de la pénibilité du chemin qu'on tire sa force et le sentiment d'accomplissement ultime ? Une fois n'est pas coutume avec Lindberg, la discographie reste inchangée : Ida Haendel, enragée et solaire domine (avec Herbert Blomstedt, chez Caprice), suivie d'Isabelle van Keulen (CPO, Clef ResMusica), plus humaine (avec Thomas Dausgaard), toutes les deux avec l'Orchestre Symphonique de la Radio suédoise. La Symphonie n° 17, fragment issu des archives du compositeur, est un apport nécessaire à la discographie, mais d'intérêt principalement documentaire.

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